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Revue n° 55-56, 2007

En quête de valeurs pour une époque de transition

[Note de la rédaction : Le texte ci-dessous est un extrait de la déclaration rédigée par la Communauté internationale bahá’íe à l’occasion du 60ème anniversaire de l’Organisation des Nations Unies.]

En 1945, la création de l’Organisation des Nations Unies offrait des perspectives de coopération internationale à un monde épuisé par la guerre, en instaurant entre les divers peuples et nations un cadre nouveau favorisant leur coexistence pacifique. Au lendemain de la guerre la plus désastreuse de l’histoire humaine, l’établissement d’une organisation mondiale chargée de préserver la dignité, l’égalité des droits et la sécurité de tous les peuples et les nations représentait une véritable prouesse d’habileté politique.

Soixante ans plus tard, les questions auxquelles s’étaient heurtés les participants à la Conférence de San Francisco se posent à nouveau : pourquoi les systèmes de gouvernance actuels ont-ils échoué à assurer la sécurité, la prospérité et le bien-être de la population mondiale ? Quelles sont les responsabilités des nations à l’égard de leurs voisins et de leurs citoyens ? Quelles valeurs devraient inspirer la politique intérieure des nations et les relations entre elles pour leur assurer un avenir pacifique ?

Parmi les efforts collectifs entrepris pour répondre à ces questions, un nouveau paradigme émerge, celui qui lie nos défis et notre prospérité. Qu’il s’agisse de la pauvreté, de la prolifération des armes, de la corruption, du sida, du statut de la femme, du commerce international, du développement durable, ou encore du bien-être des enfants, il apparaît clairement qu’aucun des problèmes qui assaillent l’humanité ne peut être convenablement résolu de manière isolée. L’effacement des frontières en temps de crise planétaire montre que l’humanité forme un seul corps, au sens organique du terme.

La réforme de l’Organisation des Nations Unies doit être appréhendée sur fond d’un mouvement beaucoup plus vaste, amorcé par des tentatives de coopération internationale comme celle de la Société des Nations. Cela a conduit à une administration plus cohérente des affaires humaines facilitée par l’Organisation des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’élaboration d’un corpus grandissant de droit international, l’émergence et l’intégration d’Etats nouvellement indépendants et la mise en place de mécanismes de coopération aux échelons régional et mondial. En l’espace d’une quinzaine d’années seulement, on a vu apparaître l’Organisation mondiale du commerce, l’Organisation de l’unité africaine et la Cour pénale internationale. L’Union européenne s’est considérablement élargie, la société civile a commencé à coordonner ses actions à l’échelle planétaire et les objectifs du Millénaire pour le développement ont permis la mise en place d’un plan sans précédent pour éradiquer la pauvreté dans le monde.

Ces évolutions ont remis en question progressivement mais radicalement la définition de la souveraineté nationale, pierre angulaire du système moderne des relations internationales et principe fondateur de la Charte des Nations Unies : quelles sont les limites des notions traditionnelles de souveraineté ? Quelles sont les responsabilités des Etats à l’égard de leurs voisins et les uns envers les autres ? Comment faire en sorte que les Etats respectent leurs engagements ? Malgré des parcours irréguliers et semés d’échecs, les institutions et les mouvements naissants comme les discours émergeants témoignent d’un besoin grandissant d’unité dans les affaires mondiales.

Pourquoi, alors, au vu de la multiplication spectaculaire des mécanismes et des forums de coopération, le monde reste-t-il si profondément divisé ? Pourquoi cette détresse universelle dans les rapports entre cultures, croyances, religions, familles politiques, classes économiques et sexes ? Pour y répondre, examinons sans passion les normes juridiques, les théories politiques et économiques et les valeurs et formules religieuses qui ont cessé d’assurer le bien-être de l’humanité.

Promouvoir la condition des hommes et des garçons au détriment de celle des femmes et des petites filles a cruellement limité les facultés créatives et matérielles des communautés à se développer et à résoudre leurs problèmes. Négliger le sort des minorités culturelles et religieuses a réveillé d’anciens préjugés et dressé les peuples et les nations les uns contre les autres. Laisser libre cours à un nationalisme débridé a bafoué les droits des citoyens dans d’autres nations et nuit à l’égalité des chances. Des Etats faibles se sont embrasés en semant l’anarchie et en provoquant des flux massifs de réfugiés.

Quant aux programmes économiques qui exaltent la prospérité matérielle, leur nature étriquée étouffe souvent le développement social et moral nécessaire à une répartition équitable et bénéfique des richesses. Ces crises montrent les limites des approches traditionnelles de l’administration des affaires publiques et posent à l’ONU l’inévitable question des valeurs : quelles sont les valeurs qui permettront aux nations et aux peuples du monde de sortir du chaos des intérêts conflictuels et des idéologies concurrentes et de former une communauté planétaire capable d’instaurer la justice et l’équité à tous les niveaux de la société ?

La question des valeurs, inextricablement liée à celle des systèmes religieux et de conviction, apparaît aujourd’hui sur la scène internationale comme un enjeu planétaire majeur que l’ONU ne peut esquiver. A l’heure où l’Assemblée générale adopte un certain nombre de résolutions sur l’utilité de la religion pour promouvoir la paix et abolir l’intolérance religieuse, l’ONU s’efforce de comprendre pleinement le rôle constructeur possible de la religion dans l’établissement d’un ordre mondial pacifique et, a contrario, l’impact destructeur du fanatisme religieux sur la stabilité et le progrès.

Pour un nombre grandissant de dirigeants et d’instances délibératives, cette question jusque-là traitée de manière marginale doit désormais figurer au centre du débat, et l’impact réel des variables religieuses sur la gouvernance, la diplomatie, les droits de l’homme, le développement, la justice et la sécurité collective, doit être mieux cerné.

Ni les dirigeants politiques ni les universitaires n’avaient prévu ce retour en force de la religion dans la sphère publique et les outils conceptuels nécessaires à une bonne compréhension du phénomène religieux manquent à la pratique des relations internationales. Les notions de religion dont nous avons hérité, qui présentent cette dernière comme un élément inopportun, un facteur d’obstruction dans la sphère internationale, ne sont d’aucun secours pour faire face à la complexité des problèmes qui préoccupent les dirigeants du monde.

Que les religions aient été instrumentalisées et qu’elles aient servi des objectifs mesquins, nul ne peut le nier. Pourtant, une analyse attentive de l’histoire des civilisations révèle que les périodes de grand progrès ont associé foi et raison et fait appel à la totalité des ressources de l’être humain, tant sa perception des choses que son expérience. L’histoire des civilisations montre que la religion a inspiré l’établissement de nouveaux codes moraux et de normes juridiques qui ont transformé des systèmes brutaux et souvent anarchiques de gouvernement en des modes d’administration des affaires publiques plus sophistiqués, dans de vastes régions du monde.

Le débat actuel sur la place de la religion dans la sphère publique a néanmoins été pris en otage par les extrémistes des deux bords : ceux qui souhaitent imposer leur idéologie religieuse par la force – dont le terrorisme est le mode d’expression le plus spectaculaire – et ceux qui nient toute place aux expressions de la foi et de la conviction dans la sphère publique. Aucun de ces deux extrêmes ne représente néanmoins la majorité de l’humanité et n’est en mesure de promouvoir une paix durable.

A ce stade de son évolution, notre communauté mondiale estime qu’au-delà du fracas des extrêmes, la quête de valeurs partagées revient à rechercher l’action efficace. Se préoccuper exclusivement de considérations matérielles ne permet pas d’évaluer l’influence des variables religieuses, idéologiques et culturelles sur la diplomatie et la prise de décisions. Pour passer d’un ensemble de nations reliées entre elles par des liens essentiellement économiques à une communauté de partage des responsabilités au profit du bien-être et de la sécurité de tous, la question des valeurs doit occuper une place centrale dans les délibérations et être clairement et explicitement formulée.

L’Organisation des Nations Unies ne cesse de souligner le besoin de multilatéralisme, mais les efforts déployés dans cette direction, aussi louables soient-ils, ne suffisent pas à donner naissance à une communauté de nations ; il ne suffit pas de collaborer pour conférer une légitimité à un ordre plus grand ni garantir son succès. Pour tenir les promesses de la Charte de l’ONU, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et des traités et résolutions qui leur succèdent, nous ne pouvons plus nous contenter de tolérer passivement les visions du monde des uns et des autres.

Il importe désormais de rechercher activement ces valeurs et ces principes moraux communs qui permettront d’élever la condition de tous, femmes, hommes et enfants, indépendamment de leur appartenance raciale, sociale, religieuse ou politique.



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