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Revue n° 34-35, 1998

ONG et gouvernements forment une nouvelle coalition pour promouvoir la tolérance religieuse

OSLO, Norvège — Le droit à la liberté religieuse est certainement l’un des points les plus épineux des relations internationales car il touche aux croyances les plus profondes des peuples et des cultures et, trop souvent, réveille des tensions créées par des conflits régionaux ou religieux ancestraux.

On peut donc aisément comprendre que les efforts déployés au niveau international pour surveiller et prévenir l’intolérance religieuse aient parfois été négligés, entre autres par les gouvernements, bien que des déclarations puissantes aient affirmé clairement le droit de liberté ou de croyance religieuse et que toutes les religions prêchent la tolérance, la paix et la bonne volonté.

En août, environ 200 représentants de différents gouvernements, organisations non gouvernementales et communautés religieuses ont demandé que cette question soit examinée plus attentivement et en particulier que le Bureau des Nations Unies chargé de l’intolérance religieuse soit renforcé. Ils ont aussi décidé de former une nouvelle alliance pour stimuler ces efforts.

Co-parrainée par le Conseil norvégien des communautés religieuses dont fait partie la communauté bahá’íe de la Norvège, la Conférence d’Oslo sur la liberté de religion ou de croyance a rassemblé du 12 au 15 août 1998 des délégués gouvernementaux éminents, des experts des droits de l’homme, des chefs religieux et des représentants d’ONG.

Dans sa déclaration finale, le groupe a demandé instamment à la communauté internationale d’apporter un appui financier et personnel accru au Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’intolérance religieuse, principal fonctionnaire responsable de la surveillance des violations des droits de l’homme et des questions de liberté de religion ou de croyance.

Plus spectaculaire, à certains égards, aura été la proposition de la conférence de former une coalition de « gouvernements, communautés religieuses ou de croyances, institutions universitaires et organisations non gouvernementales » dans le but d’appuyer sans réserve le Rapporteur spécial et d’autres institutions et instruments internationaux qui visent à protéger la liberté de religion ou de croyance.

« L’intention est de former une alliance aussi large possible » dit Stig Utnem, président du comité hôte.

La conférence, en tant que telle, est un autre exemple du partenariat de plus en plus étroit entre les gouvernements et les ONG pour régler les grands problèmes internationaux.

« Tout le monde, y compris le Rapporteur spécial, reconnaît que les ONG ont une nouvelle place dans cet ordre mondial » dit David Little, chargé de recherche à l’Institut de la paix des Etats-Unis, centre américain de recherche et de formation et qui était le principal représentant américain à la conférence. « Les gouvernements eux-mêmes ne peuvent faire le travail, s’agissant en particulier des droits de l’homme et surtout des questions religieuses, parce que les parties intéressées sont habituellement des organes d’ONG comme des groupes religieux. C’est là un élément nouveau et très important du renforcement de la coopération entre les gouvernements et les groupes non gouvernementaux. »

En fait, c’est aussi la participation des chefs religieux de diverses communautés qui a donné de l’intérêt à cette conférence. Parmi les participants religieux figuraient des représentants des communautés bahá’íe, bouddhiste, chrétienne, hindoue, juive, musulmane et sikh. La plupart des discours et tables rondes étaient plus spécifiquement axés sur les conflits religieux ou ethniques par rapport aux droits de l’homme, question qui, selon un grand nombre de participants, a favorisé l’ouverture d’un nouveau dialogue entre les groupes religieux sur cette question.

« Les difficultés particulières que pose la question de la liberté de religion et de croyance et qui, pendant si longtemps, ont empêché tout échange entre les religions, tiennent sans aucun doute au caractère intime des questions et attitudes qui déterminent la croyance religieuse ou la non croyance » dit Mary Robinson, Haut commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme et l’une des principales intervenantes. « Le devoir des croyants et des non croyants est d’empêcher que les croyances fondamentales ne soient plus des instruments de libération et deviennent des caricatures comme le fondamentalisme. C’est le seul moyen de garantir une liberté religieuse authentique. »

Les organisateurs ont bien souligné que le principal objectif de la conférence était de former une nouvelle coalition internationale et d’élaborer un plan stratégique pour avancer réellement et soutenir concrètement l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Déclaration de 1981 sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination qui sont les deux principaux instruments internationaux de défense du droit à la liberté religieuse.

A cette fin, les participants ont publié une déclaration dite déclaration d’Oslo sur la liberté de religion ou de croyance qui lance un appel à l’action et réaffirme que chaque personne a le droit à la liberté de religion ou de croyance, reconnaît que les religions et les croyances enseignent la paix et la bonne volonté et demande aux « gouvernements, aux organismes religieux, aux associations interconfessionnelles, aux communautés humanitaires, aux organisations non gouvernementales et aux institutions universitaires d’élaborer des programmes éducatifs en prenant la déclaration de 1981 comme un modèle universel aux fins de créer une culture de la tolérance, de la compréhension et du respect entre les peuples de croyances différentes.»

« De plus en plus, la promotion et la défense de la liberté religieuse est l’une des principales préoccupations internationales» dit Hilde Frafjord Johnson, Ministre norvégien du développement international et des droits de l’homme qui a ouvert la conférence. « Cette question mérite la toute première priorité. La promotion du respect des droits de l’homme est enracinée dans la croyance fondamentale en la dignité de l’homme. Ainsi, les droits de l’homme sont fondés sur les valeurs morales. L’un de nos principaux objectifs est de faire en sorte que chaque être humain, dans le monde entier, ait la garantie du droit à la vie, la possibilité de vivre dans la paix, la liberté et la sécurité et la satisfaction de ses besoins élémentaires. Le respect des droits de l’homme est la base de la dignité. Ce sont de grands mots mais ils sont vrais et devraient nous inciter à agir. »

Parmi d’autres intervenants, Mlle Johnson a rappelé que depuis la fin de la guerre froide et la chute du communisme, la liberté religieuse était devenue l’une des premières préoccupations internationales en déclenchant de vieilles rivalités ethniques et religieuses dans de nombreuses régions, poussant de plus en plus les dirigeants à utiliser ces rivalités à des fins politiques et en faisant revivre le sentiment religieux dans de nombreux pays et régions, parfois sous des formes extrêmes.

Dans son allocution, Abdelfattah Amor, actuel Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’intolérance religieuse, a dit que ces nouvelles réalités avaient créé une nécessité urgente d’agir.

« Beaucoup de pays ont du mal à assimiler les instruments des droits de l’homme et les persécutions religieuses continuent - depuis l’intimidation verbale jusqu’à la violence et le terrorisme » dit le Professeur Amor, professeur de droit international à la Faculté de droit de l’université de Tunis. « L’absence d’éducation à la tolérance, en particulier chez les jeunes générations, est un grand problème. »

Il faut davantage de ressources, note le professeur Amor, pour lutter contre l’extrémisme, et les terroristes qui tuent au nom de Dieu. « Le silence et l’indifférence à l’égard de leurs actes ne feront qu’accroître le phénomène. Tolérer l’extrémisme, c’est tolérer l’intolérable. Il faut combattre l’extrémisme par tous les moyens possibles et le remettre à sa place, c’est-à-dire dans notre contexte historique. »

Tout au long de la conférence, les intervenants ont laissé entendre que pour eux le progrès se trouvait dans une approche interdisciplinaire intersectorielle qui réunirait non seulement les différents acteurs - gouvernements et organisations religieuses - mais, au-delà du simple soutien aux instruments juridiques, apprendrait aussi la tolérance aux jeunes.

« Le problème essentiel est de savoir comment assurer efficacement la protection de la liberté de religion ou de croyance à l’aube du 21ème siècle, » dit Bahiyyih Tahzib-Lee, experte néerlandaise des droits à la liberté de religion et de croyance. « Toutes sortes de recommandations ont été faites, dont beaucoup méritent d’être mieux connues, approfondies et débattues. La lutte contre l’intolérance religieuse et la discrimination exige certainement une approche interdisciplinaire à long terme dont des mesures législatives et juridiques mais elle passe surtout par l’éducation et le dialogue. »

Les participants à la conférence ont aussi recommandé d’entreprendre de nouvelles recherches sur la question de la liberté de religion et de croyance et ils ont demandé instamment que des moyens d’information spécialisés soient mis en oeuvre en vue de collecter l’information, surveiller la conformité et mener des études comparatives entre les pays. Les organisateurs ont dit qu’ils espéraient, par exemple, créer un site Internet pour que les décideurs puissent être informés en temps voulu des cas d’intolérance.

« De plus en plus d’études religieuses, philosophiques ou scientifiques sont menées sur les causes profondes de l’intolérance et de la discrimination en fonction de la religion ou de la croyance » dit Michael Roan, chef du projet Tandem, une ONG basée aux Etats-Unis et spécialisée dans la question de la liberté de religion et de croyance et coorganisatrice de la conférence d’Oslo avec le centre du Collège de Diacona en Norvège. « Les Nations Unies disposent de trop peu d’éléments concernant cette étude pour pouvoir en faire l’analyse. »

Une possibilité de dialogue

La conférence en elle-même a été particulièrement intéressante en ce sens qu’elle a permis d’ouvrir un dialogue. Certains groupes représentés à Oslo connaissent ou ont connu des tensions. La Chine, par exemple, a envoyé une délégation d’experts ; des représentants de groupes tibétains exilés opposés à la présence de la Chine au Tibet étaient aussi présents. Il y avait aussi de nombreux représentants de différents pays et groupes de pays du Moyen Orient, dont l’Israël, l’Egypte, la Jordanie et l’Iran.

Le principal représentant bahá’í, Techeste Ahderom, a parlé de la situation des bahá’ís en Iran qui , selon lui, offre le plus bel exemple d’intolérance religieuse, alors que les enseignements fondamentaux de la Foi bahá’íe prêchent la non ingérence dans les affaires politiques et que les bahá’ís d’Iran s’abstiennent de toute idéologie politique. M. Ahderom a rappelé que néanmoins les bahá’ís étaient persécutés en Iran et qu’en juillet 1998 un bahá’í avait été exécuté sur ordre du gouvernement. Des membres d’une délégation iranienne à vocation universitaire ont écouté le discours. Interrogé sur la situation des bahá’ís, un membre de la délégation iranienne a tout simplement répondu, « nous ne pouvons pas surprotéger les minorités ».

Dans l’ensemble, la conférence a été une tribune d’expression sur la tolérance et la bonne volonté. Les chefs religieux de toutes confessions ont maintes fois souligné que les religions et les croyances devraient apprendre à avoir de bonnes relations avec les autres et que, en tant qu’autorités religieuses, elles devaient faire tout leur possible pour empêcher que la religion soit une cause d’intolérance, de discrimination et de préjugés.

« Là où l’universalité des droits fondamentaux n’est pas reconnue, où ces droits sont bafoués ou restreints, » dit Gunnar Staksette, archevêque d’Oslo, (luthérien) et co-président de la conférence, « nous devons nous battre en tant qu’individus, communautés confessionnelles ou nations - non pas avec des armes qui tuent mais avec des mots qui guérissent - les mots de la sagesse spirituelle, du bon sens politique et de la force morale ».

Reportage par Lisbeth Mattsson Johannensen



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