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Revue n° 38-39, 1999

Le nouveau mouvement invisible

L’une des caractéristiques des temps modernes est que tout change très rapidement. Au cours de la seule dernière décennie, le développement de l’Internet, la fin de la Guerre froide et l’accélération de la mondialisation ont révolutionné le monde.

À cet égard, l’un des changements les plus étonnants est sans doute le rassemblement inattendu des religions et l’apparition d’un mouvement mondial interconfessionnel pour le progrès social.

Bien que ce mouvement soit encore au stade des balbutiements et aura certainement encore beaucoup d’épreuves à surmonter, le chemin parcouru est remarquable au regard des divisions et des rivalités qui n’ont cessé de marquer l’histoire des religions.

Pendant des milliers d’années, les religions ont été plus souvent source de guerre que de paix. Aujourd’hui encore, la plupart des quelque cinquante conflits qui secouent le monde ont des racines religieuses.

Il est donc assez remarquable que les dirigeants religieux aux plus hauts niveaux aient commencé non seulement à se rencontrer et à « dialoguer », mais aient réussi à élaborer des documents consensuels qui précisent leur position commune sur des questions sociales, économiques et morales importantes.

Le présent numéro de One Country, rend compte de deux réunions de ce type : le Parlement des religions de 1999 et son document final « Appel à nos institutions dirigeantes », et la deuxième réunion de haut niveau du World Faiths Development Dialogue (WFDD) avec sa déclaration intitulée « Pauvreté et développement : le point de vue des religions ».

Thomas Lachs, représentant de la communauté juive réformiste a fait la réflexion suivante : « Pour moi, c’est extraordinaire de voir qu’un aussi grand nombre de chefs religieux puissent se réunir et publier un document commun. Il ne faut pas oublier que les religions se sont fait la guerre pendant des siècles et que cela paraissait normal. »

Une lecture attentive des deux documents « Appel » et « Point de vue » nous en dit long sur l’orientation que prend ce mouvement et sur ses conséquences. Les deux documents reconnaissent l’interdépendance des peuples. L’un considère « l’ensemble de l’humanité comme une famille » et l’autre souligne la nécessité d’une coopération sans faille au sein de la famille et d’une éthique de la citoyenneté du monde.

Ces documents soulignent également l’universalité des valeurs morales et leur rôle dans la recherche d’une solution durable aux problèmes de société.

« Aucune société ne peut être vraiment développée tant que le peuple n’a pas fait siennes ce que l’on appelle ‘vertus’ », lit-on dans « Point de vue ». « Parmi ces vertus figurent la conscience, la solidarité, l’altruisme, la camaraderie, l’honnêteté, le respect des autres, la tolérance, le pardon et la pitié. »

Le premier document parle de la « force » de ces valeurs notant qu’elles sont « partagées par les communautés religieuses et spirituelles du monde ».

Tous deux soulignent et mettent en relief les principes sociaux qui sont devenus aujourd’hui les éléments caractéristiques de la pensée progressiste : il faut reconnaître l’égalité entre les femmes et les hommes et mettre en œuvre les droits de l’homme partout dans le monde, apprécier et tolérer la diversité, promouvoir le développement durable et promouvoir la justice en tant que condition préalable de la paix. Ils lancent enfin un appel urgent pour que la pauvreté soit éradiquée.

Dans leur ensemble, ces principes représentent une nouvelle éthique mondiale, expression utilisée par le Parlement pour qualifier les valeurs que les croyants veulent défendre.

À première vue, il semblerait que l’on soit d’accord depuis longtemps sur ces valeurs. Depuis quelque temps, nous avons l’habitude d’entendre les philosophes et les militants progressistes prôner ces valeurs et ces idéaux. Toutefois, les communautés religieuses n’ont pas toujours appliqué ces principes ; en réalité, les chefs religieux ont souvent interprété leurs écritures dans un sens complètement opposé.

Il est donc particulièrement important que le dialogue entre les religions débouche sur un consensus au sujet de ces valeurs et ces idéaux.

Premièrement, ce consensus est, sur un plan théologique, remarquable. Il sous-entend que Dieu est Un et que Sa manifestation dans l’esprit humain est universelle. En effet, si plusieurs dieux existaient, les définitions du bien et du mal seraient multiples.

En d’autres termes, la reconnaissance des valeurs spirituelles fondamentales et universelles est, sur un plan philosophique, synonyme de la reconnaissance d’un seul Dieu. Assurément, les théologiens vont être de plus en plus obligés de réfléchir sur ce point.

Pour les laïques cependant, l’observation suivante est encore plus importante : si les communautés religieuses du monde sont pour l’essentiel d’accord sur le fait que certains idéaux et certaines valeurs morales progressistes sont universelles et représentent la définition du « bon », cet accord donne une impulsion morale fantastique à ces idéaux.

L’éthique universelle définie dans ces documents rejoint à bien des égards les principes sociaux qui se sont dégagés des grandes conférences des Nations Unies pendant cette décennie ainsi que des déclarations et projets émanant de la société civile. Toutefois, personne ne peut prétendre que l’ONU, les gouvernements ou la société civile aient à ce jour pleinement appliqué ces principes.

La religion joue depuis longtemps un rôle reconnu et particulier dans la défense de ces valeurs. Il est donc particulièrement significatif que les communautés religieuses du monde se rassemblent aujourd’hui pour promouvoir cette nouvelle éthique universelle qui, face au matérialisme ambiant et à des préjugés tenaces a encore ses détracteurs et ses opposants.

La croyance religieuse et la quête individuelle de spiritualité est au cœur de la motivation et de la transformation sociale de la majorité des peuples croyants.

Habituellement, les organisations interconfessionnelles comme le Conseil du Parlement des religions du monde et le Dialogue mondial pour le développement de la foi religieuse se gardent de reconnaître l’unité des religions. Or, le fait que les religions du monde, à travers ces récents documents, admettent qu’elles poursuivent la même mission et partagent les mêmes valeurs reflète l’existence d’un processus de convergence qui va bien au-delà des simples notions de tolérance et de respect mutuel.

À long terme, cette convergence d’idéaux et de valeurs - sans parler des enseignements et de la vision spirituelle de chacune des religions - peut dynamiser le rôle de la religion dans les affaires du monde, et lui redonner sa place en tant qu’instrument clé au service du progrès humain.

« Le but principal des religions divines est l’établissement de la paix et de l’unité de l’humanité », dit Abdu’l-Bahá au début du vingtième siècle.

« Les bases de toutes les religions divines sont la paix et la concorde, mais l’incompréhension et l’ignorance se sont développées. Si l’on fait disparaître ces dernières, vous verrez tous les représentants religieux travailler pour la paix et promulguer l’unité de l’humanité. Car la base de tout est la réalité, et la réalité n’est ni multiple ni divisible. »



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Dernière mise à jour le 19/04/2024