Revue n° 45-46, 2003
L’université Nur : formation d’une nouvelle génération de cadres
SANTA CRUZ, Bolivie — Depuis sa fondation, en 1982, l’université Nur a fait bouger les choses en Bolivie. Elle est l’une des premières parmi une nouvelle vague d’universités privées récemment fondées en Bolivie et la première à l’avoir été par décret présidentiel.
En 1986, Nur a offert, pour la première fois en Bolivie, des cours de troisième cycle. Elle a également ouvert la voie à une série d’innovations éducatives, qu’il s’agisse de l’enseignement à distance, où elle a été pionnière ou de la mise en place de cours flexibles pour permettre à ceux qui travaillent ou qui ont des obligations familiales de poursuivre des études supérieures à leur rythme.
Ce qui, du point de vue de ses fondateurs, est encore plus important, c’est que Nur a réellement réussi sa mission : former une nouvelle génération de leaders dans la société bolivienne.
Depuis qu’elle a ouvert ses portes, il y moins de 20 ans, plusieurs de ses élèves diplômés ont occupé dans le pays des postes à responsabilité. Ils ont siégé au conseil d’administration de la faculté nationale de médecine, dirigé au niveau départemental le programme national de recensement, ouvert avec succès des centres de santé pour les démunis, dirigé une grande chaîne de télévision bolivienne ou encore détenu des postes clés à l’ambassade de Bolivie à Bruxelles.
Le plus prestigieux des diplômés de Nur est sans doute Roberto Fernandez, élu maire de Santa Cruz en 2001. Santa Cruz est aujourd’hui la plus grande ville bolivienne, avec une population de plus d’un million d’habitants et M. Fernandez a déjà commencé dans son administration à mettre en pratique les principes enseignés à Nur.
C’est ainsi que depuis son entrée en fonctions, il a demandé à tous les employés municipaux de consacrer un peu de temps chaque semaine à des activités bénévoles dans la ville, comme le ramassage des ordures dans les parcs et les espaces verts, la peinture des bâtiments ou le soutien à un hôpital.
« Tous les membres de l’administration de la ville font du bénévolat pendant les week-ends, mon secrétaire, mes conseillers, les employés et, bien sûr, moi-même », dit M. Fernandez diplômé en gestion à Nur en 1999.
Cette politique lui a été inspirée par Nur, où chaque étudiant doit consacrer 120 heures au service de la communauté et où les concepts de gestion morale sont soulignés tout au long du programme.
« A Nur, nous étions obligés de rendre service, ce qui nous a fait comprendre que cela est important », reprend M. Fernandez qui a aussi employé plusieurs diplômés et professeurs de Nur dans son administration. « Je considère cela comme un acte de solidarité, d’unité ; il ne s’agit pas simplement de s’intéresser aux problèmes des autres mais d’essayer directement de résoudre les problèmes. Ce principe sera mis en avant dans son intégralité dans mon administration. »
Jeremy Martin, l’un des dix bahá’ís fondateurs de Nur et actuellement directeur du développement institutionnel, dit que c’est sur cet idéal, envoyer les diplômés dans la société bolivienne pour promouvoir ces principes, que l’université a été fondée.
« Nous voulions contribuer de façon positive au développement de la Bolivie et nous étions convaincus que non seulement l’éducation est au cœur de tout processus de développement intégral visant à améliorer la qualité de la vie, mais aussi que la Bolivie avait réellement besoin d’un nouveau type de dirigeant », ajoute M. Martin. « Les pays d’Amérique latine s’acheminaient alors, et s’acheminent encore, vers la mise en place et le renforcement des institutions démocratiques et nous voulions contribuer à ce processus, en particulier renforcer la participation et encourager ceux des dirigeants qui ont une vision plus large du service public. »
Nur a grandi depuis son ouverture en 1985 où elle comptait 97 étudiants. En 1990, elle en comptait 993. Ses effectifs avoisinent aujourd’hui les 3 000 étudiants pour les 1er, 2ème et 3ème cycles, plus 1 000 autres qui participent aux projets communautaires, tels que les programmes d’éducation morale.
51% des étudiants sont des femmes. Près de 40% des étudiants reçoivent une aide financière par le biais de bourses universitaires ou de réductions accordées à ceux qui sont dans le besoin ou qui doivent travailler tout en faisant leurs études. L’université emploie 180 enseignants à temps plein ou partiel et le personnel administratif dispose d’un budget annuel de fonctionnement d’environ 3 millions d’Euros.
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