Revue n° 8, 1991
Sur les hauteurs des Andes : des changements importants grâce aux serres et aux classes maternelles
LAKU LAKUNI, Bolivie — La vie est dure dans cette petite communauté aymara sur l’Altiplano bolivien, où le climat ne laisse place qu’à une culture acharnée, où le sol est si pauvre que la terre se cultive en jachère sur 12 ans.
« Ma vie m’attriste car chaque année nous devons cultiver plus haut sur la montagne », remarque Primo Pacsi, un fermier de 34 ans. « Nous plantons de plus en plus haut et il fait de plus en plus froid. Il n’y a que deux choses qui poussent ici: les pommes de terre et le canawi. » Le canawi est une céréale indigène.
M. Pacsi affirme cependant qu’il a davantage d’espoir pour l’avenir et en particulier pour celui de ses enfants.
Avec l’aide du CentreDorothy Baker d’études pour l’environnement, il a construit une serre solaire près de sa petite habitation en adobe. M. Pacsi a également reçu du Centre Baker une formation d’enseignant, et maintenant il s’occupe chaque jour de la maternelle pour les enfants des alentours.
Ces deux développements ont apporté des changements dans sa famille et dans sa communauté. Une vingtaine de famille a également construit des serres.
« Nous aimons vraiment la serre », dit M. Pacsi. « Elle nous procure des légumes que nous ne pourrions pas acheter car nous n’avons pas assez d’argent.
Mon petit garçon ne savait même pas que les légumes existaient. Aujourd’hui il cueille les tomates sur les plants de la serre et les mange sur place. Dorénavant il sait qu’il faut semer et entretenir la graine pour que pousse le fruit désiré. »
M. Pacsi fait remarquer que la maternelle apporte, de son côté, une nourriture différente. Il enseigne depuis trois ans et une vingtaine d’enfants participent régulièrement.
Les enfants apprennent plus vite
« Il y a une différence entre les élèves qui ont suivi la maternelle et ceux qui entrent directement à l’école primaire publique », explique M. Pacsi. « Ceux qui viennent de maternelle peuvent immédiatement comprendre l’instituteur qui a remarqué qu’ils apprennent plus vite.
Au début les enfants avaient peur; ils ne voulaient pas être dans un groupe. Et maintenant ils aiment venir et chanter ensemble », dit-il.
M. Pacsi attribue en partie ces changements à la Foi bahaie. Sur les 500 habitants de Laku Lakuni environ dix, dont lui-même, sont bahá’ís. Dans les dernières décennies, la Foi bahá’íe s’est rapidement développée en Bolivie. Aujourd’hui près de 100 000 Boliviens sont bahá’ís, la plupart d’entre eux vit sur l’Altiplano.
« La Foi bahá’íe enseigne que nous devons éduquer nos enfants et que nous devons coopérer et travailler ensemble », dit encore M. Pacsi. « Je ne veux pas que mes enfants revivent les mêmes expériences que moi. Je crois qu’avec plus d’éducation que j’en ai reçue leur vie sera plus fructueuse. Ils produiront plus, auront d’avantage de bien-être et de compréhension. Ils seront plus vifs et plus éveillés. »
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