Revue n° 38-39, 1999
Un artiste « entre ciel et terre »
Après le succès rencontré par son exposition de sculptures dans de nombreuses villes de France, Thierry Hamy s’est rendu en Belgique pour présenter ses œuvres et offrir un témoignage personnel sur les prophètes et Khalil Gibran à travers une série de conférences.
L’exposition de sculptures intitulée « Entre Ciel et Terre » présente une trentaine d’œuvres qui ont toutes un point commun : elles ont l’être humain pour sujet essentiel et utilisent le corps comme un support exprimant l’énergie et le sentiment. Les titres évocateurs, comme « le parcours des voûtes ou des portes », « le parcours des miroirs » ou « le parcours des flûtes », rappellent que chaque création renvoie à des sens très intérieurs, mais jamais hermétiques. Et bien souvent à grande valeur humaine ajoutée.
Les matériaux aussi témoignent d’un souci de beauté et de perfection chers à Thierry Hamy : la résine, qui permet de défier les lois de l’équilibre et de s’élever, tout comme le plâtre, léger mais résistant, sont patinés avec soin pour rappeler le bois ou le bronze. Bronze qui est d’ailleurs aussi utilisé tel quel pour certaines pièces, à côté de la terre cuite, plus fragile mais plus malléable.
Qu’elles représentent des êtres souffrants, parfois torturés, des personnages stylisés aux courbes gracieuses, ou qu’elles soient une épuration excessive tout en courbes et rondeurs, ce sont des œuvres d’une infinie pureté qui expriment avec force l’espoir de jours meilleurs pour l’humanité.
Les sculptures présentées font vibrer d’une harmonie mystique, témoin d’une alchimie profonde, intemporelle, transcendante d’un art sacré, et ne sauraient laisser les visiteurs indifférents.
« Thierry Hamy est le sculpteur de l’émotion. Tout au long de sa sculpture, il continue à nous émouvoir. [...] Il sculpte l’amour, ses ivresses et ses ruptures, avec une telle sensibilité que certaines de ses sculptures seraient dignes de figurer dans les grands musées », dit Martin Gray, auteur du célèbre « Au nom de tous les miens ».
Thierry Hamy est né à Toulon en 1958. De 15 à 18 ans aux Beaux-Arts, il a pour maîtres Victor Nicolas, Gabriel Cotel et Henri Pertus. Durant ses nombreux voyages en Europe, Orient et Moyen-Orient, il affine sa pratique du portrait, de l’aquarelle, du modelage et de la calligraphie. C’est l’héritage de ses maîtres qui lui permet d’offrir un regard fertile, de partager sa prière et ses fruits sans paroles, d’exprimer toute sa reconnaissance envers Dieu qui lui donne la capacité de reconnaître l’unicité du pouvoir de son alliance et de son Verbe à travers ses messagers, puis d’essayer de restituer tout cela dans un langage non verbal par un art du silence : la sculpture.
Polyvalent, il ne néglige pas les matériaux du 20ème siècle ou les objets de récupération, mais ses matières de prédilection demeurent l’argile, les pastels secs, la tempéra et les encres. Exigeant, sa quête de perfection se matérialise dans les formes qu’il crée, qui s’épanouissent dans l’espace avec fluidité et grâce.
« La sculpture pour moi a toujours été une voie de contemplation », explique Thierry Hamy, « une manière d’opérer consciemment ce miracle d’harmonie entre les masses, les couleurs ou les sons. »
Sur un plan personnel, il a beaucoup appris durant ses nombreux voyages en Angleterre, Jordanie, Israël, Egypte et Inde. Mais ce sont surtout ses sept mois passés aux côtés de mère Teresa en tant qu’aide-soignant dans les mouroirs de Calcutta qui l’ont profondément marqué. Tout comme l’exhortation qu’elle leur lançait souvent : « Ne faites pas de grandes choses petitement, faites de petites choses grandement ! » Et c’est en Inde également qu’il rencontre, la foi bahá’íe, ce message qui lui apporte la sérénité qui l’habite aujourd’hui.
Les sculptures de Thierry Hamy racontent l’histoire de l’âme humaine à travers des parcours qui convergent vers un miroir central : le messager divin, et qui viennent en quelque sorte concrétiser son voyage spirituel.
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