Revue n° 45-46, 2003
Vingt défis pour la planète, vingt ans pour y faire face
20 défis pour la planète, 20 ans pour y faire face
Jean-François Rischard
Actes Sud – Solin
Paris, 2003
Nombreux sont les ouvrages savants qui traitent des problèmes plus ou moins sérieux auxquels nous devrons faire face dans un avenir proche. Selon certains, le mal est bel et bien installé d’une manière irréversible et nous avons déjà franchi le point de non retour. Selon d’autres, il ne s’agit que de phénomènes passagers qui ne devraient susciter aucune inquiétude particulière. Les uns et les autres ont en commun un langage souvent peu accessible, technique et difficile à comprendre pour les non initiés.
Le livre de Jean-François Rischard offre une alternative rafraîchissante autant par la clarté et la simplicité de son contenu que par les solutions qu’il propose. En tant que Vice-président de la Banque mondiale pour l’Europe, l’auteur vit au quotidien les échanges économiques ainsi que les tentatives des organisations gouvernementales et non gouvernementales pour les réguler. Il est donc particulièrement bien placé pour aborder les questions qu’ils traite dans son ouvrage dans lequel, animé par un sentiment d’urgence, il nous livre ses analyses et opinions personnelles.
Sans tomber dans le piège d’un catastrophisme démesuré mais conscient du sérieux des défis à relever, M. Rischard écrit : « La marge de manoeuvre que nous laissent la plupart des grandes questions mondiales est serrée : c’est tout de suite qu’il faut agir, avec des objectifs à vingt ans, pas sur un demi-siècle. Qu’on pense seulement au réchauffement planétaire, à l’épuisement des ressources de la pêche, aux pandémies, à l’inquiétant essor des drogues de synthèse, aux progrès pour l’heure incontrôlables des biotechnologies […] ».
L’auteur regroupe les vingt défis qu’il évoque en trois catégories : (i) les questions relatives aux biens planétaires communs telles que la pénurie d’eau douce ; (ii) les questions de société appelant une mobilisation mondiale telles que la nécessité d’offrir une éducation à tous et (iii) les questions relevant d’une approche juridique mondiale telles que la régulation du commerce électronique.
M. Rischard ne se contente pas d’énumérer les défis, il s’aventure aussi à proposer des moyens pour les relever. La thèse de l’auteur est que « la seule façon d’en sortir est de prendre du recul et de considérer les deux grandes forces distinctes qui vont profondément transformer le monde dans les vingt ans à venir : l’augmentation de la population sur une planète à bout de souffle, et la nouvelle économie mondiale qui implique de faire à peu près tout autrement ».
D’après M. Rischard, « il faut tirer la leçon de l’échec fondamental, indéniable de l’ensemble du système international existant et des Etats-nations de la planète à régler vite et efficacement les problèmes mondiaux ».
Cependant, il qualifie d’« utopiste » l’idée de remplacer le système international actuel par un gouvernement mondial. L’auteur nous invite plutôt à faire preuve d’imagination et à penser autrement : « Des idées pour imaginer comment les pouvoirs publics, le monde des affaires et la société civile devraient travailler ensemble, et comment amener les Etats-nations à promulguer des lois dans l’intérêt de la planète toute entière et pas seulement de leurs électeurs. Des idées pour élaborer ces outils de type réseau à même de créer, pour chaque grande question, une source de légitimité horizontale, transnationale [...] ».
— Kazem Samandari
|
