Revue n° 6, 1990
Expérience d’alphabétisation sur les ondes
LABRANZA, Chili — Les spécialistes de l’éducation s’efforcent de trouver de nouvelles méthodes pour améliorer l’alphabétisation, et la radio devient un moyen de plus en plus important pour réaliser cet objectif.
En 1989, Radio-bahá’íe, au Chili, a participé à un programme pilote de six mois pour apprendre à lire en mapudungun sur ses ondes.
En collaboration avec le Ministère de l’éducation de la province de Cautin, cette station de radio a diffusé des cours d’alphabétisation deux fois par jour, en espagnol et en mapudungun. En même temps, elle a distribué des fiches, des crayons et des gommes à une soixantaine d’élèves de cinq villages choisis pour ce programme. On a également fait appel à des professeurs pour les élèves des écoles locales de ces communes.
« Ces cours par radio se sont révélés très utiles pour les personnes qui sont analphabètes parce qu’elles ne lisent jamais, comme par exemple celles qui ont quitté l’école après deux ou trois années d’études et qui ont “oublié” comment lire » déclare José Schiattini, l’un des responsables ministériels chargés de la supervision du programme. « Ce programme par radio est quelque chose de neuf dans notre stratégie de l’éducation. »
Bien que le gouvernement s’efforce de scolariser tous les enfants, le taux d’alphabètes dans la province de Cautin est moins élevé que la moyenne nationale. « Au Chili la campagne nationale d’alphabétisation a été lancée dans les années 80 », rappelle José Schiattini. « Au cours des années 40 nous avions de 20 à 40 % d’analphabètes. A l’heure actuelle, cinquante ans plus tard, nous en avons 6 %. Cependant, dans notre province, le taux d’analphabètes est de 10 % environ parce que, dans les endroits éloignés, les gens n’ont pas eu accès à la scolarisation. »
Il a ajouté qu’en outre, le mode de vie campagnard n’est pas orienté vers l’écrit, il n’y a ni journaux, ni circulaires, ni panneaux d’affichage, ni noms de rues. « On doit éprouver le besoin d’alphabétisation. Autrement, certains pensent : “pourquoi me compliquer la vie ? Je me suis débrouillé jusqu’ici sans savoir lire”. Nous avons présenté l’alphabétisation sous son aspect fonctionnel : pour que les gens puissent écrire une lettre, s’informer sur les bonnes affaires, trouver une adresse en ville. »
Selon M. Schiattini, les cours par radio permettent aux adultes de participer et d’apprendre sans se sentir ridicules d’aller à l’école. Les familles de paysans éprouvent de la difficulté à trouver du temps pour l’éducation. « Le programme d’alphabétisation par radio est une nouvelle expérience de communication pour toute la famille », affirme-t-il. « L’un des grands avantages est aussi que les enfants écoutent les émissions avec leurs parents et les aident. »
Il ajoute que le Ministère espère continuer sa coopération avec Radio- bahá’íe. « L’un des grands avantages de Radio-bahá’íe est qu’il s’agit d’émissions non commerciales. Cette station ne demande pas un centime. Et dans notre région qui compte plus de 30 stations, Radio-bahá’íe est la seule qui comporte une programmation systématique sur les sujets éducatifs et d’entraide communautaire. »
« Cependant, même si le Ministère ne peut continuer les subventions, Radio-bahá’íe poursuivra un programme d’alphabétisation », déclare M. Roberto Jara, Directeur de la station. « Apprendre à lire et à écrire mieux est essentiel dans la région que nous desservons. »
— par Janet Ruhe-Schoen
TORONTO, Canada — Au Chili, Radio-bahá’íe est l’une des sept radios du monde gérées par des bahá’ís. Toutes ces stations mettent l’accent sur l’utilisation de la radio en tant qu’instrument de développement destiné aux populations autochtones défavorisées par les médias traditionnels.
« Les stations de radio bahá’íes se concentrent d’abord sur le développement des communautés bahá’íes dans les régions qu’elles couvrent », déclare M. Kurt Hein, secrétaire général du Centre international audio-visuel bahá’í. Le centre, qui a son siège à Toronto, fournit une assistance et une formation technique aux différentes stations radio bahá’íes du monde. « De plus », ajoute-t-il, « les radios bahá’íes s’attachent à la sauvegarde des valeurs culturelles traditionnelles de la société. La préservation de l’identité culturelle d’une région est importante aux yeux des bahá’ís ; nous pensons en effet que maintenir la diversité de la grande famille humaine est une tâche essentielle ».
Cinq stations radio bahá’íes sont établies en Amérique Latine, une fonctionne en Amérique du Nord, et une septième en Afrique. Les cinq stations d’Amérique Latine émettent toutes largement en diverses langues locales et régionales.
« En général, les populations desservies par les stations radio bahá’íes sont victimes d’une pression intense exercée par une culture dominante qui n’est pas la leur et, en conséquence, en particulier dans les médias, leurs voix et leurs cultures ont été oubliées du fait de l’influence écrasante des médias populaires contemporains », conclut M. Hein.
Au Chili, comme l’indique un autre article de ce numéro, la plupart des émissions sont diffusées dans la langue du peuple mapuche. En Equateur, la station bahá’íe d’Otavalo émet en espagnol et en quechua. Au Pérou et en Bolivie, les stations, basées à Chuculo et Caracollo, émettent en espagnol, en quechua et en aymara. Quant à la radio bahá’íe de Boca del Monte, au Panama, elle émet en espagnol et dans la langue du peuple Guaymi.
La station radio bahá’íe d’Amérique du Nord, basée à Hemingway en Caroline du Sud, aux Etats-Unis, dessert la population noire des campagnes environnantes, et la station africaine opérant à Paynesville, au Libéria, émet pour divers groupes ethniques et tribaux de ce pays africain.
Les stations radio bahá’íes offrent aussi des programmes d’information très divers allant des conseils en matière agricole à la formation sanitaire destinée aux mères et aux enfants, en passant par des nouvelles concernant les problèmes de l’environnement. Nombre de ces programmes ont été élaborés en collaboration avec des Organisations internationales de développement telles que l’UNICEF et l’Agence internationale de développement.
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