Revue n° 22, 1995
L’Association médicale bahá’íe en France œuvre pour une santé globale
Quand et comment a été créée l’Association médicale bahá’íe ?
L’Association médicale bahá’íe (AMB), association de loi 1901, a été créée en 1985. Depuis quelques années les professionnels bahá’ís de santé s’interrogeaient sur l’implication de leur conviction spirituelle et éthique dans leur vie professionnelle. C’est pourquoi, encouragés par le Conseil national des bahá’ís de France, ils ont décidé de se réunir en association.
Quels sont vos objectifs ?
L’association a pour but :
– d’attirer l’attention des professionnels de la santé sur la nécessité d’aborder l’être humain dans sa globalité physique et spirituelle, dans un rapport harmonieux avec l’environnement, en vue d’améliorer la qualité de la vie.
– de diffuser des informations scientifiques au sein du public et de partager avec le corps médical français la contribution de la Foi bahá’íe.
– de créer et de soutenir des projets d’assistance et de coopération dans le domaine de la santé, en France et de par le monde.
– d’encourager et de développer la recherche sur les enseignements bahá’ís en relation avec la pratique médicale et une hygiène de vie globale.
Vous mentionnez la nécessité d’aborder l’être humain dans sa globalité. Qu’est-ce que cela signifie pour vous?
Nous abordons l’homme de façon aussi bien biologique, psychologique que social, ce sera son éducation spirituelle qui déterminera les relations harmonieuses avec son environnement naturel et social.
En effet, selon notre compréhension parmi les conditions requises pour que l’humanité puisse être heureuse et prospère est la reconnaissance de l’être humain comme une entité biopsycho-sociale. Au-delà d’un corps en bon état de fonctionnement, la santé implique un comportement individuel et collectif motivé par un idéal spirituel que se trouve à la base de toute civilisation. Ce concept rejoint la notion de santé globale de l’Organisation mondiale de la santé dont nous soutenons l’action.
Ainsi la santé n’engage pas seulement des soins, mais aussi l’information et l’éducation. Le rôle de la femme par exemple doit être souligné en tant qu’éducatrice privilégiée des futurs citoyens. L’émancipation et l’accession de la femme aux postes de responsabilité doivent être considérées comme un préalable indispensable à la paix mondiale et au bien-être de l’humanité. Nous avons donc jugé important de participer à la conférence de Pékin, tant au niveau du Sommet auquel nous étions accrédités qu’au Forum des ONG où notre représentante a animé un atelier sur le rôle de la mère dans la société future.
Quels types d’activité entreprenez vous ?
Nous lançons des journées d’étude multidisciplinaires avec la participation d’universitaires, membres de diverses associations, avec un contact entre les professionnels et usagers des systèmes de soins. Nous organisons des séminaires, des stages interactifs de communication et de comportement, des formations de jeunes à l’hygiène, secourisme et vie familiale au sein d’une colonie de vacances bahá’íe pour enfants. Nous participons à la réflexion de conférences médicales bahá’íes européennes et à l’enseignement de l’éthique. Nous avons des publications et enfin nous entreprenons des activités d’aide au développement économique et social dans certaines régions du monde.
Pourriez-vous développer un exemple concret d’action ?
Un exemple concret d’action bien qu’encore modeste est l’aide au développement économique et social orienté vers certains pays d’Afrique et d’Europe de l’Est tel que:
– Au Tchad: financement de la formation sur place d’infirmiers au dispensaire Hakim à Moissala et achat de médicaments.
– Au Niger : envoi d’hormone somatotrope pour enfant déficient.
– En Yougoslavie : aide aux réfugiés.
– En Albanie : don de médicaments, matériel à usage unique, d’un cardiographe, mise à disposition de conférenciers pour un congrès médical, stages hospitaliers en France pour plusieurs médecins albanais.
– Au Rwanda : don de parapharmacie, de matériel jetable.
En quoi se caractérisent vos colloques ?
Nos journées d’étude se caractérisent par la variété des sujets et réflexions abordés sous des angles différents. Par exemple le 25 novembre dernier les salons du prestigieux hôtel Negresco à Nice accueillaient les 250 participants de la 8e Journée d’étude de l’Association médicale bahá’íe sur le thème : Embryon, éthique, lois et religions. D’éminents juristes, magistrats, médecins, scientifiques, et des représentants distingués des religions judaïque, chrétienne, musulmane et bahá’íe sont intervenus pour éclairer l’assistance sur les dernières pratiques de l’assistance médicale à la procréation, ses enjeux, ses dangers, ses limites, l’état du droit en la matière et le point de vue des différentes religions. Parmi les intervenants les plus illustres, Me Michaud, Vice-président du Comité national français d’éthique et membre du Comité de rédaction de la future Convention Européenne sur la bioéthique du Conseil de l’Europe, le Professeur Gillet, Chef de service du CHU de Nice, et Mme Perrotin, directrice du Centre de bioéthique de l’Université catholique de Lyon. La manifestation s’est déroulée dans une ambiance captivante et a fait l’objet d’articles de journaux, parmi lesquels il convient de citer une page entièrement consacrée à l’exposé du point de vue bahá’í dans la revue “Le quotidien du Médecin”.
Vous effectuez donc également un travail pluridisciplinaire?
Oui, en vue d’un travail pluridisciplinaire l’Association médicale bahá’íe a cherché, par exemple, une collaboration étroite avec l’Association bahá’íe de femmes et elle soutient la formation d’une association des enseignants bahá’ís. Ou encore nos journées d’étude comme celle que nous venons de citer ou bien celle de l’année dernière à Paris au Sénat, sur la famille était traitée aussi bien sous l’angle médical que religieux ou social.
Il existe de nombreux mouvements associatifs médicaux, comment situez-vous l’action spécifique de votre groupement par rapport aux autres ?
Notre spécificité se situe justement dans un abord pluridisciplinaire des problèmes de santé avec une ouverture vers toute activité qui peut servir le bien-être individuel et collectif. La science médicale doit fonctionner en harmonie avec les valeurs spirituelles à la base de toute vie collective. Nous sommes évidemment ouverts à une collaboration avec les professionnels, les usagers et les associations qui peuvent nous aider dans la compréhension et l’amélioration de la santé.
Qui regroupez-vous dans l’association ?
À l’heure actuelle des bahá’ís, membres des professions de santé, mais nous espérons ouvrir notre association à toute personne s’intéressant à la santé et qui partage nos objectifs.
Comment vous organisez-vous sur le plan financier ?
De façon générale les représentants de l’AMB financent personnellement leurs déplacements et leurs missions. C’est grâce à leur motivation d’une part et à leur effacement personnel de l’autre que nous avons pu réaliser ces activités malgré nos faibles moyens.
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