Revue n° 51-52, 2005
80 hommes pour changer le monde
80 hommes pour changer le monde – Entreprendre pour la planète
Sylvain Darnil Mathieu Le Roux
JC Lattès
Paris, 2005
Imaginez un monde…
Où une banque permet aux trois quarts de ses clients de se sortir de l’extrême pauvreté tout en étant parfaitement rentable…
Où un hôpital soigne gratuitement deux patients sur trois et fait des bénéfices…
Où les agriculteurs se passent de produits chimiques tout en augmentant leurs rendements…
Où les emballages sont biodégradables et nourrissent la terre au lieu de la polluer…
Où un entrepreneur de textile qui refuse les délocalisations parvient à doubler son chiffre d’affaires tout en payant ses employés deux fois le salaire minimum…
Ce monde existe.
Le défi que se sont lancés avec succès les deux jeunes auteurs est de nous faire découvrir ce monde étonnant et stimulant et de nous éloigner du fatalisme ambiant. Sylvain Darnil et Mathieu Le Roux ont ainsi parcouru les quatre coins de la terre à la recherche d’entrepreneurs exceptionnels ayant mené avec brio des initiatives de développement durable. Qu’ils soient archi-tecte, chirurgien, agriculteur ou chimiste, les hommes et femmes présentés dans cet ouvrage ont en commun d’avoir réinventé leur métier pour construire le monde auquel ils aspirent.
Jeunes diplômés d’écoles de commerce, les auteurs se sont rencontrés au Brésil où ils effectuaient leur coopération. Un an plus tard, ils décident de réaliser un périple autour du monde : « Ce qui nous attire dans l’idée de parcourir le monde, c’est surtout de rencontrer des personnalités extraordinaires, qui sont allées jusqu’au bout de leurs rêves. A l’heure où nos décisions tracent le sillon de nos vies, nous cherchons l’inspiration dans ces exemples de vies réussies. Parcourir le monde et inventer un moyen de rencontrer ses héros. Nous réaliserons deux rêves à la fois. »
Parmi ces « héros modernes » présentés dans l’ouvrage figurent notamment Sulo Shah et Neil Peterson. La première, une népalaise, est la fondatrice de « Formation Carpets », une société de confection de tapis basée à Katmandou. Elle s’est lancée comme défi de contribuer à l’émancipation des femmes et à l’amélioration de la situation des populations pauvres dans son pays en dépassant l’idée reçue selon laquelle « un modèle d’entreprise sociale et éthique n’est pas viable dans un pays aussi pauvre que le Népal ».
Pari réussi pour cette femme d’affaire qui interdit systématiquement le travail des enfants, prend en charge l’éducation des enfants de ses salariés, offre des salaires décents, mélange les castes, tout cela en parvenant à développer une entreprise productive et profitable.
Neil Peterson, un américain basé à Seattle, a quant à lui fondé « Flexcar », le pionnier américain en matière d’autopartage. Il a pour ambition de faire diminuer considérablement l’usage que les américains font de leurs voitures pour réduire l’impact écologique des transports. L’idée reçue qu’il cherche à dépasser consiste à penser que « la possession et l’usage de la voiture sont désormais des acquis de la culture américaine, d’autant plus difficiles à remettre en question qu’ils participent à la valorisation de soi ». Flexcar tente de provoquer une véritable révolution des mentalités en créant une entreprise qui souhaite diffuser un modèle d’autopartage tellement attractif que les Américains laissent leur voiture au garage.
80 hommes pour changer le monde permet au lecteur de se plonger dans les parcours de ces entrepreneurs d’exception pour en ressortir plein d’enthousiasme et d’énergie pour affronter les défis de demain. Ce livre permettra certainement également à certains de se découvrir une âme « d’entrepreneur durable ». |