Revue n° 5, 1990
La Commission des Nations Unies sur les droits de l’homme constate la poursuite de la discrimination en Iran
GENEVE — En dépit d’une certaine amélioration, les 300 000 membres de la communauté bahá’íe d’Iran, persécutés depuis si longtemps, continuent de se heurter à une discrimination en matière d’emploi, d’éducation et de déplacement, et sont toujours privés du droit de s’assembler pour célébrer leur culte. C’est ce qu’indique un rapport publié à Genève, en février dernier, par M. Reynaldo Galindo Pohl, représentant spécial auprès de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies.
Le 7 mars, en partie à la suite de ce rapport, la Commission a approuvé une résolution renouvelant le mandat à M. Galindo Pohl pour la poursuite de son enquête sur place concernant la situation des droits de l’homme en Iran. En début d’année M. Galindo Pohl avait visité l’Iran pour le compte de la Commission des Nations Unies.
Dans sa résolution, celle-ci priait M. Galindo Pohl de lui faire part de la situation des minorités, y compris celle des bahá’ís, et de soumettre son rapport à l’Assemblée générale des Nations Unies qui se tiendra à la fin de l’année.
Témoignant devant la Commission le 28 février, un représentant de la Communauté internationale bahá’íe a remercié cet organisme pour son soutien au cours des dix dernières années, soit depuis le déclenchement des dernières persécutions en Iran. « La communauté bahá’íe a placé sa confiance dans l’autorité morale de la communauté internationale, agissant à travers l’Assemblée générale des Nations Unies et la Commission des droits de l’homme », a déclaré M. Wytze Bos, le porte-parole bahá’í. « Nous n’avons pas été déçus. »
Le rapport de M. Galindo Pohl, publié le 26 février, conclut que, même si l’on constate une certaine tolérance « de facto » envers les bahá’ís en Iran, de graves problèmes subsistent.
Les lieux saints demeurent confisqués
Les lieux saints bahá’ís demeurent confisqués, indique M. Galindo Pohl dans son rapport. Les étudiants bahá’ís se voient toujours refuser leur admission aux universités, on empêche les bahá’ís de quitter leur pays. De plus, ils sont toujours privés du droit aux successions, et ils font face à des difficultés pour enterrer leurs morts.
M. Galindo Pohl passe également en revue divers exemples de discrimination quotidienne et de menaces de persécution dont les bahá’ís sont victimes. C’est ainsi, écrit-il dans son rapport, qu’un bahá’í a été condamné à un an d’emprisonnement simplement parce qu’il était bahá’í.
« Les bahá’ís ne peuvent se réunir en qualité d’adeptes de leur Foi », poursuit M.Galindo Pohl « ils n’ont pas l’autorisation d’utiliser les locaux auxquels ils avaient accès antérieurement... ni de pénétrer dans les bureaux qui leur appartiennent. »
Depuis 1979, plus de 200 bahá’ís ont été exécutés en Iran, et des centaines d’autres ont été emprisonnés dans le cadre d’une campagne de persécution systématique de la part du gouvernement. Depuis deux ans, toutefois, cette campagne a perdu de sa violence. Les plus récentes exécutions ont été celles de deux bahá’ís en décembre 1988. A l’heure actuelle, une dizaine de bahá’ís sont encore en prison.
Le 27 février dernier, le Congrès des Etats-Unis a également adopté une résolution dans laquelle il fait appel à l’Iran pour que ce pays honore ses engagements dans le cadre de divers accords internationaux sur les droits de l’homme en matière de liberté de pensée, de conscience et de religion. La résolution du Congrès américain mentionne spécifiquement les bahá’ís.
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