Revue n° 5, 1990
Porteurs d’un message de paix, les visiteurs en Union soviétique rencontrent un chaleureux écho
Dans le cadre d’une diplomatie directe de citoyen à citoyen, 62 bahá’ís constatent que les valeurs spirituelles suscitent un vif intérêt. KAZAN, URSS — Comme de nombreux autres jeunes en Union soviétique, Elaine Goncharova a souvent discuté du problème de la paix dans le monde. Ce thème était abordé dans les Clubs d’amitié internationale auxquels elle participait au cours de ses études primaires et secondaires. C’était également un thème constamment traité dans les messages du Parti communiste.
Cette pétulante jeune fille âgée de dix neuf ans, étudiante de l’Université de Kazan, a donc été étonnée de découvrir tant d’idées nouvelles sur la paix dans la déclaration qu’elle a reçue, en décembre dernier, lors de la visite d’un groupe de 62 bahá’ís dans cette ville jadis interdite, capitale de la République autonome des Tartares en Russie centrale. Les bahá’ís constituaient le premier groupe d’étrangers venu visiter la région depuis la Deuxième Guerre mondiale. «C’est la première fois que je découvre des suggestions spécifiques et pratiques sur une ligne de conduite», remarqua Elaine Concharova, en ajoutant que le problème de la paix n’avait été présenté jusque-là que dans un contexte politique et militaire.
« Or ce message apporte l’espoir d’un monde futur unifié », dit-elle.
Le message auquel Elaine Goncharova faisait allusion est La promesse de la paix mondiale, une déclaration sur les conditions requises pour l’instauration de la paix à l’échelle internationale, fondée sur les enseignements de la Foi bahá’íe. Depuis 1985, année où fut publiée cette déclaration, plus d’un million de personnes en ont reçu des exemplaires et, parmi elles, la plupart des chefs d’Etat du monde. Largement diffusé par le réseau mondial de près de 20 000 communautés bahá’íes, ce document, et sa distribution, représentent un apport au mouvement contemporain en faveur de la paix, mouvement qui, aujourd’hui, semble donner au monde un nouveau visage.
Une visite de 12 ‘jours à Moscou et Kazan, en novembre - décembre 1989, par un groupe de 62 bahá’ís originaires de huit pays, créa une nouvelle occasion de partager cette déclaration sur la paix avec la population locale. Et, bien que l’enthousiasme manifesté à l’égard de ce document fût sans doute provoqué par la nouvelle liberté spirituelle et intellectuelle régnant en Union soviétique, le chaleureux écho rencontré dans la population soviétique n’était pas spécifique à l’URSS. Partout dans le monde, des personnes de toutes les couches sociales ont apprécié cette déclaration.
Les organisateurs du voyage, qui ne sont pas des bahá’ís, avaient été si impressionnés par le document sur la paix, qu’ils ont organisé une tournée spéciale sur ce thème. L’organisation intitulée « Youth Ambassadors International », (Les jeunes ambassadeurs internationaux), siégeant dans l’Etat de Washington, a invité les jeunes bahá’ís de Hawaï à participer à un voyage spécial en URSS destiné à partager le message de paix avec la population soviétique.
« Nous sommes Chrétiens », a dit Ed Johnson qui, avec sa femme Linda, ont fondé l’organisation « Youth Ambassadors ». « Cependant, notre organisation est laïque » a-t-il ajouté, « et lorsque je lus le message bahá’í sur la paix, j’étais tout
à fait d’accord car, dans mon coeur, je ressentais la même chose ».
Les Johnson qui, depuis 1985, ont organisé des échanges culturels et professionnels entre les Etats-Unis et l’Union soviétique pour plus de 2 000 personnes, ont déclaré que leur partenaire soviétique pour ce voyage « School for Planetary Thinking » (Ecole pour une pensée planétaire), opérant sous les auspices de la « Fondation pour l’innovation sociale » de Moscou, avait également examiné la déclaration bahá’íe sur la paix, et qu’elle l’avait jugée compatible avec ses propres objectifs.
« Ce document apporte au lecteur un immense espoir pour l’avenir », a dit M. Johnson. « J’ai constaté, au cours de notre voyage, un grand enthousiasme et une large réceptivité de la part du peuple soviétique. »
Pour les bahá’ís, le message présente un intérêt universel. « Bien qu’il soit publié par un mouvement religieux, la déclaration n’est pas un document de nature sectaire », dit le Dr. Gary Morrison, Secrétaire de la communauté bahá’íe des îles Hawaï, qui patronnait ce voyage en Union soviétique. « Elle traite de sujets qui ne sont pas toujours associés au processus de paix, tels que notre compréhension de l’unité de l’humanité et l’explication de la paralysie qui a si longtemps entravé la paix. Ainsi, le document paraît projeter constamment une nouvelle dimension sur la manière dont les hommes peuvent vivre en harmonie. »
Au cours de leur voyage, les bahá’ís ont rencontré des citoyens soviétiques dans des écoles, des universités, des usines, et même dans un orphelinat partiellement subventionné par le K.G.B., le Comité soviétique pour la sécurité de l’Etat. Lors de chaque rencontre le message de paix fut distribué. Ceci a favorisé une discussion approfondie sur les idées développées non seulement dans la déclaration sur la paix, mais encore sur la religion en général.
Dans un lycée de Kazan, le professeur d’éthique, Sonya Graburov, a sollicité l’autorisation d’utiliser La promesse de la paix mondiale dans ses cours. « Ce message de paix », a-t-elle déclaré, « nous apporte de nouveaux thèmes de discussion. Ainsi, par exemple: La paix dans le monde est-elle inévitable ? Le comportement égoïste et agressif de l’homme est-il une expression véritable de sa personne, ou bien une altération de celle-ci? Les hommes peuvent-ils éliminer les préjugés et la disparité entre riches et pauvres ? »
De son côté M. Shamiel Fattakh, producteur d’un programme de la télévision soviétique destiné à la jeunesse, a déclaré que la réceptivité de la population au message de paix, et aux principes de la Foi bahá’íe en général n’ont rien de surprenant étant donné les récents événements survenus en URSS.
« Nous nous sommes efforcés, depuis la Révolution, de mettre notre esprit en harmonie avec la culture, l’histoire, l’art et la littérature mais, pendant toutes ces décennies, nous avons dû réprimer la face spirituelle de notre nature », a dit M. Fattakh. « Nous avons un vide à combler, et ce vide se double d’une forte spiritualité soviétique. Ce qui nous manque, ce sont des vérités religieuses susceptibles de le combler. »
A l’Université de Kazan, une rencontre réunissant 250 étudiants avec les bahá’ís a permis des discussions prolongées, par petits groupes, sur le message de paix et la Foi bahá’íe. Alexei Kolpakov, étudiant diplômé en biologie, a estimé que le message renfermait une application pratique de la religion. « Je pense que le concept bahá’í de la nécessité d’un fondement spirituel pour la gestion du monde est essentiel », a-t-il dit. « Nous devons permettre aux valeurs humaines de nous guider vers des solutions aux problèmes de société. »
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