Revue n° 7, 1991
Le « Dialogue » international explore la future transformation globale
La « transition vers une société globale » est examinée en termes de culture, de science, de gouvernement et de valeurs, au cours d'une conférence en Suisse.
WIENACHT, Suisse — Plus d’une centaine d’éminents universitaires, scientifiques, cadres et futurologues se sont réunis ici en septembre dernier à l’occasion d’une conférence de cinq jours sur la tendance planétaire à l’intégration globale.
Intitulée « Premier dialogue international sur la transition vers une société globale » , la conférence s’est concentrée sur la meilleure façon pour l’humanité de gérer les changements aux multiples facettes résultant de la croissance rapide de l’interdépendance mondiale.
La réunion s’est tenue au Centre de conférences de l’Académie de Landegg, institut international pédagogique qui fonctionne sous l’égide de la communauté bahá’íe suisse. Au départ, on émit l’hypothèse selon laquelle le globalisme serait inexorable. Cela fut examiné en termes de culture, de science et de technologie, de gouvernement, de gestion privée, d’éthique et de valeurs, au cours de sessions plénières et d’ateliers.
« Ce Premier dialogue international a été une tentative visant à rassembler divers spécialistes dans un effort pour développer une synthèse entre différents courants d’idées et une vision cohérente destinée à préparer l’humanité à la transition vers une société globale, transition à laquelle toute l’humanité fait face actuellement » devait dire M. Iraj Ayman, un des organisateurs du Dialogue, directeur de l’Institut de Landegg pour l’éducation et le développement international.
« Le rythme accéléré du changement dans l’arène politique, sociale, technologique, économique, culturelle et spirituelle des affaires humaines tant en Europe que sur les autres continents, lance des défis et crée des opportunités sans précédent pour les décideurs du monde actuel » ajouta M. Ayman. Les points de vue exprimés furent aussi divers que les participants parmi lesquels figuraient Federico Mayor, Directeur général de l’UNESCO, Karan Singh, ancien Ambassadeur de l’Inde aux Etats-Unis, Bertrand Schneider, Secrétaire général du Club de Rome et Ilya Prigogine, Prix Nobel de Chimie.
Pendant la conférence qui s’est tenue du 3 au 9 septembre 1990, trente quatre documents ou exposés furent présentés sur les différents aspects de la transition globale, suivis de riches discussions et d’échanges de vues animés.
Les idées émises étaient extrêmement diverses, pourtant un net consensus se dégagea autour de l’idée que la société humaine est bien en passe de devenir plus globale dans tous ses aspects.
Les orateurs étaient divisés quant à savoir si la future transformation globale serait une expérience positive ou négative. S’appuyant sur les maux de la société actuelle, certains esquissèrent un sombre tableau de l’avenir.
« Nous devons être conscients du fait que la pyramide de notre société occidentale d’abondance ne peut croître indéfiniment », déclara l’Ambassadeur Rudolph Weiersmüller, coordinateur du gouvernement suisse pour la politique internationale des réfugiés. « Nous devons, dans notre propre intérêt et en tenant compte de l’interdépendance du monde et du bien-être de l’humanité, retrouver notre voie vers une façon nouvelle et plus modeste de vivre. »
Certains participants plus optimistes ont suggéré que l’ingéniosité de l’homme, le développement de ressources nouvelles et un renouveau spirituel grandissant contribueraient à faire de la transition vers une société globale une perspective brillante.
« La transition vers une société globale est une transition vers une toute nouvelle forme de société, aussi profonde que les grandes transitions antérieures », a déclaré M. Ervin Laszlo, Recteur de l’Académie de Vienne pour l’étude du futur et membre du Club de Rome.
L’Académie de Vienne conjointement avec le Centre universitaire de Maryland pour le développement international et la résolution des conflits, étaient, avec l’Académie de Landegg, les organisateurs de la conférence.
M. Mayor, qui apporta son soutien personnel au Dialogue, dit qu’il voyait les Nations Unies jouer un rôle-clé dans la future transition globale. « Les changements qui se sont accélérés dans le monde, durant les mois derniers, ont atteint un nouveau palier. Pour la première fois dans l’histoire des Nations Unies, le Conseil de sécurité a agi contre une agression avec toute la force de l’unanimité de ses membres permanents ... », devait dire M. Mayor. « Je demeure convaincu que nous sommes arrivés au seuil d’une nouvelle culture de paix avec une capacité grandissante de l’Organisation des Nations Uniesà jouer son rôle dans le maintien de la paix. »
Le besoin de valeurs nouvelles et d’une nouvelle approche de l’éthique fut un thème récurrent au cours des nombreuses sessions.
« Notre destin nous élève vers la conscience globale, extérieurement vers la société globale et intérieurement, au plus profond de nous-mêmes », dit l’Ambassadeur Karan Singh, Président du Centre international pour la science, la culture et la connaissance de New Delhi.
Au cours du dîner d’adieu, les participants annoncèrent leur intention de créer une Association pour un dialogue international sur la transition vers une société globale. Le secrétariat de cette association s’est vu confié à l’Académie de Landegg.
« Cette importante réunion sera, je l’espère, le commencement d’un exercice permanent de recherche et de contrôle auquel l’Institut de coopération Est-Ouest et l’UNESCO continueront d’apporter leur soutien », conclut M. Augusto Forti, Directeur du Bureau européen de science et technologie de l’UNESCO.
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