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Revue n° 51-52, 2005

L’enjeu moral de Beijing + 10

Les statistiques permettent de donner une vision d’ensemble mais les histoires individuelles sur la charge qui pèse quotidiennement sur les femmes à travers le monde remuent davantage les consciences que les études les plus savantes.

Nicholas Kristof, éditorialiste au New York Times, a ainsi raconté l’histoire d’une pakistanaise violée et rackettée sur les ordres du conseil municipal de son village. Il s’agissait d’un acte de représailles contre sa personne et sa famille sous prétexte que le frère de cette femme avait eu des relations avec une femme en vue dans le village. En réalité, il s’avère que cette accusation était complètement fausse et que c’est en fait le frère qui avait été lui-même victime d’une agression sexuelle de la part des membres de la tribu de la femme en question.

« Alors que les membres de la tribu dansaient de joie, quatre hommes la violèrent l’un après l’autre. Ils la forcèrent ensuite à rentrer chez elle à pied, sous le regard de 300 villageois. »

De tels actes amènent l’éditorialiste à dire : « Je suis fermement convaincu que le principal enjeu moral de ce siècle, à l’instar des luttes contre l’esclavage au 19e siècle ou contre le totalitarisme au 20e siècle, sera celui de l’inégalité entre les hommes et les femmes du Tiers-monde. »

La remarque de Nicholas Kristof est un bon préambule à la célébration du 10ème anniversaire de la Quatrième conférence mondiale sur les femmes, tenue en 1995 à Beijing, qui a représenté un temps fort dans le combat pour l’amélioration de la condition de la femme.

Dans la Déclaration et la Plate-forme d’action de Beijing, les pays du monde s’étaient engagés à mettre pleinement en œuvre les droits de la femme et de la fillette. On y relève également douze sujets de « préoccupations critiques » qui font obstacle à l’égalité pleine et entière des hommes et des femmes.

Ces sujets sont, notamment, le fardeau persistant et croissant de la pauvreté des femmes, l’inégalité de l’accès à l’éducation et à la formation, les inégalités et les insuffisances en ce qui concerne l’accès aux soins de santé, aux ressources économiques et aux médias, et l’inégalité entre les hommes et les femmes dans le partage du pouvoir et des décisions à tous les niveaux.

Un autre sujet de préoccupation est la violence à l’égard des femmes. La Plateforme invite les gouvernements et la société civile à s’interroger sur le fait qu’on a toujours échoué à protéger et défendre les droits et les libertés face à la violence à l’égard des femmes. Dans toutes les sociétés, les femmes et les filles sont d’une manière ou d’une autre l’objet de violences physiques, sexuelles et psychologiques qui touchent toutes les classes, les cultures et les catégories de revenus.

En mars 2005, la Commission de la condition de la femme des Nations Unies a consacré sa 49ème session à l’examen de la mise en œuvre de la Plate-forme d’action dans le cadre d’une session de haut niveau appelée « Beijing + 10 ».

Selon le rapport de la Division des statistiques de l’ONU, intitulé Femmes dans le monde 2000 : Des Chiffres et des Idées, les femmes sont loin derrière les hommes en ce qui concerne le pouvoir de décision et l’influence. En 1999, elles ne représentaient qu’environ 11 % des parlementaires, un progrès par rapport au chiffre de 9 % enregistré en 1987.

Par ailleurs, bien qu’en matière d’éducation l’écart entre les garçons et les filles se resserre, le rapport indique que dans de nombreux pays d’Afrique et d’Asie les effectifs féminins dans les établissements primaires ne sont que de 80 % par rapport à ceux des garçons. Près des deux tiers des analphabètes recensés dans le monde sont des femmes.

D’autres questions pressantes se profilent également à l’horizon. Les femmes africaines sont les principales victimes de la pauvreté et n’ont pas non plus accès aux soins de santé et à l’éducation, à égalité avec les hommes. Par ailleurs, dans de nombreuses régions d’Afrique la coutume maintient les femmes sous la tutelle des hommes.

Enfin et surtout, selon un rapport du Conseil de l’Europe publié en 2002, la violence contre les femmes représente toujours un problème mondial. En Europe, la violence conjugale est estimée être la principale cause de décès et d’invalidité des femmes de 16 à 44 ans, devant le cancer ou les accidents de la route.

La guerre et les troubles civils touchent de nombreux pays et leurs conséquences sur les femmes sont souvent incalculables. Femmes et enfants forment la masse des réfugiés de guerre et, selon des rapports émanant de l’ex-Yougoslavie, du Soudan ou d’ailleurs, le viol est de plus en plus une arme de guerre.

Ayant adopté la Déclaration de Beijing et la Plate-forme d’Action, sans parler des nombreux pactes et traités qui implicitement ou explicitement défendent les droits des femmes, les gouvernements sont les premiers responsables de la protection des droits des femmes.

Dans le même esprit, les gouvernements ne doivent pas imaginer un instant qu’ils peuvent repousser à plus tard un seul des engagements signés de haute lutte à Beijing. Si des voix se sont fait entendre ici ou là en faveur d’un réexamen de la Déclaration et de la Plate-forme de Beijing, le mouvement en faveur des droits des femmes est bien en marche, et personne ne devrait se laisser persuader du contraire.

Dans le même temps, force est de reconnaître que, face à des comportements tenaces qui donnent aux hommes la part du lion en matière de pouvoir, d’autorité et de statut dans la plupart des cultures et des sociétés, les gouvernements ne peuvent pas faire beaucoup plus.

C’est ici que les organisations de la société civile, en particulier les organisations religieuses, ont un rôle important à jouer. Dans bon nombre de sociétés et de cultures, sinon la quasi totalité d’entre elles, la religion est la principale courroie de transmission des valeurs.

Malheureusement, la religion ou son interprétation ont trop souvent servi de prétexte pour renforcer la suprématie des hommes et assujettir les femmes.

S’appuyant sur leur textes fondateurs, les bahá’ís, pour leur part, cherchent à prôner l’égalité morale et spirituelle des hommes et des femmes. Les Ecrits bahá’ís contiennent de nombreuses références à ce principe d’égalité : « Aux yeux de Dieu, il n’y a pas de distinction entre masculin et féminin. Celui dont le cœur est pur est acceptable à sa vue, que ce soit un homme ou une femme », ou encore « Comme l’oiseau, l’humanité possède deux ailes, l’une mâle, l’autre, femelle. Si les deux ailes ne sont pas d’égale puissance et mues par une force commune, l’oiseau ne peut s’envoler vers le ciel ».

De même que les gouvernements doivent commencer à assumer leurs responsabilités dans la mise en œuvre et l’application des droits de l’homme énoncés dans les documents de Beijing ou autres, il est temps que les chefs des grandes religions du monde prennent parti pour l’amélioration de la condition de la femme.

Nombre de chefs religieux représentant les grandes religions du monde se sont prononcés en faveur de l’égalité des hommes et des femmes.

D’autres, au contraire, s’accrochent au passé et s’attachent à des interprétations artificielles et des coutumes ancestrales, prisonniers qu’ils sont d’interprétations théologiques.

Ceux qui expliquent que leurs enseignements religieux rejettent l’émancipation de la femme pourraient s’inspirer de l’exemple donné par Nicholas Kristof : l’esclavage. Dans le passé, à des moments et dans des lieux différents, les chefs religieux ont avancé toutes sortes de raisons théologiques pour défendre l’esclavage ou justifier l’inégalité de traitement entre les races.

Or, aujourd’hui, toute autorité crédible rejette l’esclavage et sa principale cause, le racisme. Ceux qui ont essayé de justifier l’esclavage par des raisons théologiques ont été complètement discrédités. Il ne fait aucun doute que tous ceux qui continuent à admettre la répression de la femme seront en définitive du mauvais côté de la marche de l’histoire.

En un certain sens, les gouvernements le reconnaissent déjà. La Déclaration et la Plate-forme d’action de Beijing, publiées il y a déjà 10 ans, traduisent ce que pensent la majorité des citoyens du monde, l’idée que le moment est venu de reconnaître pleinement l’égalité des hommes et des femmes.

Aujourd’hui, non seulement les gouvernements mais aussi ceux qui voudraient opposer n’importe quel argument théologique à l’amélioration de la condition de la femme devraient réfléchir à deux fois.



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