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Revue n° 20, 1995

Le Sommet social définit un cadre global pour l’action

Plus de 115 chefs d’Etat et de gouvernement ratifient une approche du développement centrée autour des peuples, appelant à une plus grande participation des femmes et exigent un partenariat avec la société civile

COPENHAGUE — Préoccupés par la mondialisation croissante de la pauvreté, du chômage et de l’exclusion sociale, plus de 115 chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis à Copenhague début mars à l’occasion du Sommet mondial pour le développement social afin d’approuver une Déclaration générale et un Programme d’action destinés à définir un plan global d’attaque des problèmes sociaux.

La Déclaration et le Programme d’action lancent un appel en faveur d’une approche plus humaine du développement social et économique dans le monde et plus centrée sur les personnes. L’accent est mis en particulier sur la nécessité de renforcer partout la responsabilisation des femmes et des groupes marginalisés et les pays industrialisés sont priés de consacrer davantage de ressources en faveur des plus nécessiteux, tant chez eux qu’à l’étranger.

Le texte des résolutions invite instamment les gouvernements à renforcer le partenariat entre la société civile et l’entreprise privée tout en reconnaissant qu’il faut permettre aux individus au niveau local de participer à la formulation des politiques de développement locales et régionales.

Les documents du Sommet, qui représentent l’aboutissement de deux années de négociations auxquelles ont participé plus de 180 pays et des milliers d’organisations non gouvernementales (ONG), soulignent également l’importance des droits de l’homme, de la démocratie et de la liberté – ainsi que celle des valeurs morales et spirituelles – qui sont le fondement essentiel du développement social et économique.

« Nous, chefs d’Etat et de gouvernement, souscrivons à une conception politique, économique, éthique et spirituelle du développement social, fondée sur la dignité humaine, les droits de l’homme, l’égalité, le respect d’autrui, la paix, la démocratie, la responsabilité mutuelle et la coopération, et le plein respect des diverses valeurs éthiques et religieuses et des milieux culturels des populations », affirme la Déclaration. « Nous accorderons par conséquent la priorité absolue dans les politiques et actions menées aux niveaux national, régional et international, à la promotion du progrès social et de la justice, et à l’amélioration de la condition humaine, sur la base de la pleine participation de tous. »

Conformément à une décision prise en décembre 1992 par l’Assemblée générale des Nations Unies, le Sommet a été organisé pour faire face à l’instabilité et à l’insécurité sociale qui ne cessent d’augmenter depuis la fin de la guerre froide. Plus précisément, ce Sommet, tenu à Copenhague du 6 au 12 mars, a tenté d’adresser trois types de problèmes spécifiques : la pauvreté, le chômage et l’exclusion sociale.

Les statistiques relatives à ces problèmes ainsi que les tendances observées ont été rappelées à maintes reprises lors de ce Sommet : plus d’un milliard d’individus dans le monde vivent dans la pauvreté ; environ 30 % de la population active est au chômage ou sous-employée ; enfin, l’exclusion sociale – définie comme l’affaiblissement général du tissu social en raison de phénomènes tels que le racisme, l’intolérance ethnique ou religieuse et/ou la montée de la violence – touchent de manière croissante presque tous les pays.

« Ces problèmes sociaux, qui autrefois pouvaient être ignorés en dehors des frontières se répandent aujourd’hui à travers le monde », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, Boutros Boutros Ghali, lors du Sommet. « Considérés autrefois comme relevant de la responsabilité exclusive des gouvernements nationaux, ils se posent maintenant à l’échelle planétaire et requièrent une action mondiale. »

Pour répondre à cet appel, les gouvernements ont élaboré la Déclaration et le Programme d’action qualifiés d’historiques par de nombreux observateurs présents au Sommet, pour la simple raison qu’ils abordent des problèmes qui, dans le passé, étaient traités au niveau national mais qui sont aujourd’hui placés dans un contexte mondial.

« C’est la première fois dans l’histoire que des chefs d’Etat et de gouvernement sont rassemblés afin de mettre au point une politique coordonnée visant à améliorer le bien-être de tous, partout dans le monde », dit Heydar Aliyev, président de la République de l’Azerbaïdjan. « Ceci témoigne du fait que l’humanité entre dans une nouvelle phase plus évoluée de développement après la fin de la guerre froide. »

Au centre de la Déclaration figurent une série de dix « engagements » en faveur du lancement d’une campagne mondiale pour le progrès social et le développement. Ces engagements répondent aux objectifs suivants : « créer un environnement économique, politique, social, culturel et juridique qui permette aux populations de parvenir au développement social » ; « éliminer la pauvreté dans le monde »; « réaliser l’objectif du plein emploi en le considérant comme l’une des priorités de base de nos politiques économiques et sociales » ; « promouvoir l’intégration sociale » ; « promouvoir le respect intégral de la dignité de la personne humaine et instaurer l’équité et l’égalité entre les hommes et les femmes » ; « accélérer le développement économique et social et la mise en valeur des ressources humaines de l’Afrique et des pays les moins avancés » ; « faire en sorte que les programmes d’ajustement structurel qui pourraient être adoptés comportent des objectifs de développement social » ; et « accroître sensiblement et utiliser plus efficacement » les ressources affectées au développement social.

Critique face au manque d’actions spécifiques

Bien que le niveau de la Conférence ait été élevé, certains ont douté du résultat arguant du fait que les gouvernements avaient omis de prévoir les moyens nécessaires pour assurer le contrôle et l’entrée en vigueur des accords et que l’absence d’engagements financiers spécifiques rendait en fin de compte l’ensemble du processus quasiment inutile. L’une des critiques les plus violentes a été adressée à l’encontre d’une proposition de longue date engageant les gouvernements des pays industrialisés à consacrer 0,7 % de leur produit national brut à l’aide au développement. Dans les documents finaux, les gouvernements ont approuvé ce chiffre en tant que but à atteindre sans toutefois en faire une obligation.

Pour d’autres critiques, les accords sont trop dépendants de l’économie de marché et de la libre entreprise. Plusieurs ONG réunies parallèlement dans le cadre du Forum 95 ont publié une « Déclaration alternative de Copenhague » selon laquelle « le système néo-libéral, dominant en tant que modèle universel, a échoué ». Pour elles, le fardeau de la dette et les programmes d’ajustement structurel imposés par les institutions financières internationales sont insoutenables et ne font que retarder le progrès social.

Cependant, de nombreuses ONG ont refusé de signer la Déclaration alternative, parmi elles la Communauté internationale bahá’íe. Rien ne prouve en effet que cette déclaration ait recueilli un consensus quelconque au sein des représentants de la société civile présents à Copenhague. En fait, tout en souhaitant que les documents contiennent plus d’engagements spécifiques, un grand nombre de représentants d’ONG ont déclaré que l’ensemble du processus représentait un grand pas en avant dans la construction d’un nouveau cadre international pour la coopération, la compréhension et la paix.

« Bien qu’il ne réponde pas entièrement aux espoirs de certaines ONG, j’estime pour ma part que le document, sans être parfait, nous donne l’occasion de faire un grand pas dans la voie d’un processus qui nous permet de considérer autrement la pauvreté, tout comme les Conférences de Rio et du Caire nous incitent à jeter un regard différent sur l’environnement et les femmes », déclare Wangari Maathai, originaire du Kenya et fondatrice du Mouvement Green Belt.

« En définitive », dit Mme Maathai, « je pense que le Sommet peut être considéré comme faisant partie d’un sous-thème dont le thème principal est un mouvement vers une coopération internationale complète sur toutes ces questions, d’une manière totalement intégrée ».

Au Sommet, les thèmes de la coopération internationale – et même la nécessité d’œuvrer en faveur de l’unité et de l’unicité – ont été présentés de différentes façons par les ONG et les dirigeants du monde.

Dans son allocution au Sommet, le Premier ministre de l’Inde, P. V. Narasimha Rao, a parlé de la nécessité de « promouvoir l’unité spirituelle de l’humanité ». « C’est ce que signifie l’intégration sociale et c’est ce qu’elle devrait être à tous les niveaux », a-t-il ajouté.

Selon Mahathir Bin Mohamad, premier ministre de la Malaisie, « l’humanité doit se tourner vers le mondialisme, le pluralisme et le pluriculturalisme et non vers l’exclusivité des régions et des blocs et la supériorité d’un certain type de valeurs ».

Bien que la question de l’intégration sociale ait été à maints égards la moins bien définie au départ, elle a pris la première place dans l’ordre du jour lorsque les participants ont acquis la conviction qu’elle était nécessaire pour pouvoir traiter les deux autres problèmes : la pauvreté et le chômage.

« Pour ma part, pour autant que l’égalité des femmes ou les droits des pauvres nous intéressent, j’estime que tous ont droit à l’intégration sociale », dit Fritz Longchamp, ambassadeur d’Haïti auprès des Nations Unies qui était à la tête de la délégation de son pays lors du Sommet.

Les documents traduisent également un changement de cap de la part des Nations Unies et de la communauté internationale élargie, dans leur réflexion sur d’autres grands problèmes mondiaux.

« C’est la première fois que la communauté internationale a accepté d’œuvrer de concert pour bannir ou, comme il est dit dans le document, pour “éliminer” la pauvreté, ce qui est en soi un énorme progrès », dit Lawrence Arturo, qui était à la tête de la délégation de la Communauté internationale bahá’íe au Sommet. « C’est la première fois que les gouvernements du monde ont admis que le bien-être de toute la race humaine est, en effet, l’affaire de chacun. »

« Il est également significatif que l’on ait assisté à un retournement intellectuel en ce qui concerne notre conception de la pauvreté », a ajouté M. Arturo. « Dans le passé, il a toujours été dit qu’il fallait aider les pauvres, qu’il fallait un programme pour faire ceci ou cela en leur faveur, etc. Aujourd’hui, la communauté internationale reconnaît que les pauvres ont les ressources physiques, intellectuelles et morales nécessaires et que la solution réside dans la façon dont on leur permet de s’en servir au lieu de les assister. Cette idée n’est pas tellement nouvelle s’agissant du développement mais les documents du Sommet attestent qu’elle domine aujourd’hui largement au sein des Nations Unies. »

Valeurs spirituelles

Un autre sous-thème important du Sommet a été la reconnaissance que l’éthique et les valeurs – religieuses en particulier – doivent être prises en compte dans tout programme visant à promouvoir le développement social. En réalité, le fait que le concept de « spiritualité » soit apparu comme faisant partie intégrante de l’esprit du Sommet a été pour certains comme le signal d’une ère nouvelle dans la culture des Nations Unies traditionnellement très séculière.

Cette tendance pourrait bien être le reflet du style personnel et des idées de l’ambassadeur du Chili auprès des Nations Unies, M. Juan Somavia, qui a présidé le Sommet, à la fois à Copenhague et lors des réunions préparatoires de New York. Il a souvent utilisé une terminologie spirituelle et souligné que l’essence du processus du Sommet consistait à établir de nouvelles valeurs pour l’humanité.

« Nous avons tous la capacité spirituelle de changer le monde et c’est la raison pour laquelle nous sommes ici », a affirmé M. Somavia à l’ouverture du Forum 95 des ONG, le 3 mars. « Le Sommet social est un cri d’alarme. Au sens le plus profond du terme, c’est un défi moral et éthique lancé aux gouvernements, aux entreprises, aux médias, aux syndicats, aux partis politiques, aux traditions religieuses, aux intellectuels, à la société civile en général et à nous tous, individuellement. Nous sommes défiés à nous rencontrer, à joindre nos forces et à donner réellement au développement social “la toute première priorité, dès à présent et pour le 21ème siècle”, lit-on dans la Déclaration du Sommet. »



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Dernière mise à jour le 21/11/2024