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Revue n° 28, 1997

La montée de la société civile

La floraison soudaine d’innombrables mouvements et organisations qui militent en faveur d’un changement de société aux niveaux local, régional et international est peut-être le phénomène social majeur de notre époque.

Ce bourgeonnement de la société civile, représentée par des organisations non gouvernementales, des groupes socioculturels, des institutions universitaires et autres, modifie considérablement l’activité internationale. L’expansion et le militantisme de ces groupes ont changé la façon dont les problèmes du monde sont compris, examinés et réglés, ce qui oblige parfois les gouvernements à se remettre en question.

Comme l’a fait remarquer Jessica Mathews dans le numéro de janvier/février 1997 de Foreign Affairs: « La fin de la guerre froide n’a pas seulement signifié des ajustements entre les États mais aussi une nouvelle redistribution du pouvoir entre eux, les marchés et la société civile. Dans une économie qui se mondialise, les gouvernements nationaux perdent leur autonomie. Ils partagent le pouvoir (notamment les responsabilités politiques, sociales, et en matière de sécurité au cœur de leur souveraineté) avec les entreprises, les organisations internationales et une multitude de groupes de citoyens, connus sous le nom d’organisations non gouvernementales (ONG). La ferme concentration du pouvoir entre les mains des États qui a débuté en 1648 avec le traité de Westphalie n’existe plus, tout au moins pour un temps. »

Le présent numéro publie deux articles qui montrent à quel point les ONG deviennent, sur la scène internationale, des acteurs avec lesquels il faut de plus en plus compter. L’article sur le Sommet du microcrédit [Voir article sous le titre « Le Sommet du microcrédit : les ONG ... » dans le même numéro] relate comment les ONG ont su organiser une réunion presque comparable à un grand sommet des Nations Unies, rassemblant des représentants de tous les niveaux de la société internationale pour examiner un problème mondial d’importance majeure. L’article sur la réunion Rio+5 et la version « de référence » de la Charte de la Terre [Voir article sous le titre « La version « de réference » de la Charte de la Terre ... » dans le même numéro] démontre que la société civile est de plus en plus capable de s’organiser au plan mondial pour défendre ses valeurs et ses principes.

On peut dire globalement que depuis le premier Sommet de la Terre tenu à Rio de Janeiro en 1992, l’influence de la société civile ne cesse de progresser. C’est à Rio que les ONG ont cessé de rester à l’écart pour prendre position au sein des délégations gouvernementales et qu’elles ont joué un rôle clé dans le déroulement des négociations concernant Action 21, le plan d’action mondial sur l’environnement et le développement adopté par les gouvernements. C’est aussi aux ONG que revient en grande partie la structure actuelle d’Action 21 et ce sont elles qui ont joué depuis un rôle décisif pour mobiliser le soutien à ce plan.

L’influence de la société civile a continué à grandir dans toutes les séries de réunions internationales organisées par l’ONU ces dix dernières années, de Vienne au Caire et de Copenhague à Beijing en passant par Istanbul. A chacune de ces réunions, qu’il s’agisse des droits de l’homme, de la population, du développement social, des femmes ou des établissements humains, les ONG ont largement contribué aux discussions et, en définitive, à la signature des accords.

Les raisons de cette influence croissante de la société civile sont nombreuses et variées. La fin de la guerre froide, qui déterminait les relations internationales alors entièrement dominées par des préoccupations de sécurité militaire, a déplacé l’attention vers les questions sociales et créé un climat plus propice à une participation plus directe d’organisations privées aux assemblées internationales. Par ailleurs, la révolution de l’informatique et des télécommunications a mis fin au monopole de l’information détenu auparavant par les gouvernements et les grandes institutions, ouvrant ainsi la voie à de nouveaux modes d’organisation et d’expression dans chaque domaine d’activité.

Cette évolution s’explique à la base par le fait que les gens se voient autrement, et c’est un changement particulièrement brusque dans l’histoire de la civilisation. La façon dont la communauté est perçue est au cœur de cette transformation. De plus en plus, la race humaine est considérée comme une, ce qui élargit considérablement la notion que nous avons de nos voisins et de nos obligations envers eux. Et de cette idée nouvelle en découle une autre, à savoir que chaque être humain possède en lui-même de formidables capacités qui peuvent être développées, en particulier si elles sont mises ensemble.

Aujourd’hui, les ONG accomplissent bien des tâches qui relevaient autrefois de la compétence des gouvernements. Elles fournissent des services sociaux. Elles font des analyses juridiques, scientifiques, techniques et politiques. Elles préparent, contrôlent et mettent en œuvre les engagements internationaux. Elles suscitent des idées nouvelles. Et elles sont souvent plus efficaces et plus efficientes que les gouvernements dans l’accomplissement de ces tâches, une fois encore parce qu’elles peuvent exploiter les capacités des gens de tous les milieux et de toutes les conditions sociales.

Ces succès ont incité des représentants d’ONG à réclamer une part plus grande du « pouvoir » détenu actuellement par les États-Nations. Par exemple, certains ont demandé à jouer un plus grand rôle dans les négociations des réunions des Nations Unies. D’autres ont réclamé instamment la création d’un Forum de la société civile ou d’une Assemblée populaire directement élue au sein des Nations Unies dont la structure serait similaire à celle de l’Assemblée générale.

Ces idées méritent en partie d’être retenues. A mesure que le monde reconnaît de plus en plus son interdépendance, la diversité des voix représentées par la société civile doit être prise en compte dans la prise de décision globale.

Toutefois, toute démarche dans le sens d’un plus grand pouvoir dévolu à la société civile – voire même d’une reconnaissance officielle de son influence – fait peser une lourde responsabilité sur les dirigeants et les représentants de cette société.

C’est ainsi que les ONG ont été au premier plan dans l’appel à plus de démocratie au sein des gouvernements et entre eux. Pourtant, certaines d’entre elles ne respectent pas ces principes, qu’il s’agisse de la sélection de leurs dirigeants, de l’élaboration de leur politique ou de l’explication qu’elles donnent aux cotisants quant à l’utilisation réelle de leur argent.

Qui plus est, de nombreuses ONG ont un champ d’activités restreint, leurs compétences sont limitées ou elles ne représentent qu’une toute petite minorité. Nombre d’entre elles, en tant qu’organisations militantes, tirent souvent leur force du fait qu’elles ont été créées par une poignée d’individus idéalistes mais très motivés. Or, cette force devient plutôt une faiblesse si ces individus prétendent parler au nom de tous.

Ces questions revêtent une importance particulière depuis que les ONG travaillent ensemble et de plus en plus au sein de coalitions ou d’alliances. Si les ONG veulent jouer un rôle à la table de négociation, leurs actes doivent être en accord avec les principes élevés qu’elles recommandent aux autres et elles doivent être prêtes à montrer qu’elles sont dûment habilitées à représenter des groupes d’individus divers et que leurs intérêts passent par le bien-être de toute l’humanité.

En tant qu’un des principaux groupes de la société civile, les organisations religieuses jouent un rôle à part qui, à ce jour, a été particulièrement méconnu et inexploité. Dans la mesure où ils sont fidèles à leurs principes, les groupes religieux en tant qu’ONG représentent les aspirations et les valeurs morales de la grande majorité des être humains qui, petit à petit, ne doutent plus de la nature spirituelle de la réalité humaine et de son importance dans leurs vies quotidiennes.

En résumé, nous dirons que la vraie raison de la montée de la société civile est la nouvelle perspective dans laquelle les hommes se placent partout en tant que membres d’une seule race humaine. Cette perspective est plus complète, plus globale et plus constructive que des classifications nationalistes, raciales ou autres qui dans le passé ont déterminé nos identités collectives. Cette nouvelle perspective est au fond d’elle même une perspective spirituelle. Reconnaître cette réalité est la clé de la libération totale des possibilités propres à chaque individu et que la société civile ne fait que commencer à exploiter.



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