Revue n° 29, 1997
En Grèce, les ONG organisent un colloque sur la protection des forêts
ATHÈNES — Avec un relief très divers, associant des montagnes escarpées, au nord, à des îles baignées de soleil au bord de la Méditerranée, la Grèce renferme une flore et une faune variées ainsi que quelques unes des rares forêts d’origine encore existantes en Europe.
« Contrairement au reste de l’Europe, la Grèce conserve encore une bonne partie de ses forêts d’origine, » dit Francis Sullivan, spécialiste des forêts au Fonds Mondial pour la Nature, le World Wide Fund for Nature (WWF). « Environ 20% du territoire de la Grèce est encore recouvert de forêts, ce qui représente un taux particulièrement élevé. »
La Grèce a provoqué un effet considérable lorsqu’elle a annoncé en mai qu’elle mettrait de côté 10% de ses forêts, en tant que domaine protégé, conformément à une campagne internationale lancée par le WWF.
L’annonce a été faite à une réunion spéciale sur les forêts coparrainée par le Centre hellénique pour l’éducation des adultes et la lutte contre l’analphabétisme (EKEPEKA) et la Communauté bahá’íe de Grèce, deux organisations non-gouvernementales.
Dans le contexte d’un renforcement de l’activité des ONG en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable, demandé au récent Sommet de la terre Rio+5, la question a été posée de savoir dans quelle mesure des ONG internationales comme le WWF pouvaient être plus efficaces en travaillant avec des ONG locales.
La Communauté bahá’íe de Grèce, qui a elle-même entrepris un certain nombre de petits projets dans le domaine de l’environnement, a fourni un appui logistique essentiel à la préparation de ce colloque. Elle a aussi utilisé ses contacts à l’étranger pour faciliter la présence d’un membre d’une famille royale travaillant avec le WWF en la personne du prince Michael de Kent qui a prononcé une allocution.
Sans ce type d’appui local et international, dit M. Sullivan, nous n’aurions pas pu aussi facilement obtenir l’engagement du gouvernement grec.
« Le gouvernement grec a fait preuve de beaucoup de bonne volonté » a ajouté M. Sullivan. « Mais nous avons surtout pu créer la possibilité de faire quelque chose qui, n’aurait peut-être pas été fait par ailleurs. »
« Des forêts pour la vie »
Tenue dans le prestigieux bâtiment de l’ancien parlement, le 30 mai 1997, la réunion a rassemblé des ministres grecs importants, dont le Ministre des Affaires étrangères et le Ministre de l’Environnement, de l’Urbanisme et des Travaux publics. Au total, plus de 150 personnes ont été invitées, comprenant le maire d’Athènes, des diplomates, des personnalités politiques ainsi que des représentants d’ONG et d’universités.
L’annonce que la Grèce protégerait 10% de son domaine forestier faisait partie de la campagne internationale « Des forêts pour la vie », menée par le WWF qui a déjà obtenu des promesses similaires de 20 nations.
« Il a été encourageant de voir des pays comme la Grèce reconnaître que la conservation d’un échantillon représentatif de leurs ressources forestières était un élément essentiel du développement durable et se sentir responsables devant la communauté internationale de la préservation de leur part du patrimoine biologique de la planète, » dit Arthur Dahl, sous directeur exécutif adjoint de la division de l’information et de l’évaluation du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui a également pris la parole. « Le gouvernement grec et le WWF méritent des félicitations pour cette importante initiative. »
Le WWF a lancé la campagne en 1995, dans le but d’établir « un réseau écologiquement représentatif de régions protégées couvrant au moins 10% de chaque type de forêts d’ici l’an 2000 ». La campagne a pris de l’élan après qu’un relevé topographique financé par le WWF en 1996 ait révélé que 6% seulement des forêts du monde étaient protégées. Elle a été de nouveau appuyée lorsque des gouvernements et des ONG ont compris que les accords internationaux visant à protéger les forêts, conformément à l’appel urgent lancé au Sommet de la terre à Rio de Janeiro en 1992 (Action 21) et aux engagements pris en ce sens, ne se concrétisaient pas.
« Les engagements concrets visant à stopper la déforestation sont très peu nombreux, bien que l’on s’accorde à reconnaître que les forêts du monde sont importantes pour le maintien de la vie sur terre » dit le prince Michael. « Les degrés de protection sont actuellement insuffisants pour garantir le maintien de la biodiversité et des processus écologiques. »
La campagne, en un mot, est une initiative du WWF pour secouer l’inertie de la communauté internationale dans le domaine de la protection des forêts. « Nous pensons que les négociations internationales sur les forêts ne vont pas assez vite » dit M. Sullivan qui dirige la campagne « Des forêts pour la vie ». « Au rythme actuel d’utilisation des forêts, nous estimons qu’il n’y aura pratiquement plus de forêts naturelles d’ici 50 ans. Et aucun accord significatif n’a changé les choses sur le terrain. »
En tant que participant à la campagne, le président (honoraire) du WWF, le duc d’Edimbourg, a écrit à plus de 50 chefs d’État, leur demandant de soutenir l’objectif de 10% concernant la protection des forêts. « La réunion qui a eu lieu en Grèce est une étape très importante de notre campagne, » dit M. Sullivan. « Elle nous permet d’atteindre notre objectif, obtenir l’engagement d’une vingtaine de pays avant le mois de juin. Et si la Grèce y parvient, d’autres pays le peuvent aussi. »
Activités des bahá’ís dans le domaine de l’environnement
Le parrainage de la réunion a fait partie de l’un des nombreux projets entrepris par la Communauté bahá’íe grecque dans le domaine de l’environnement ces dernières années, dit Socrates Maanian, secrétaire du Conseil national de la communauté.
« Nous avons entrepris avec le concours des jeunes beaucoup de projets relatifs à l’environnement : planter des arbres, nettoyer les plages, financer des conférences, etc... » dit M. Maanian. « Cette manifestation était donc pour nous tout à fait naturelle. »
M. Maanian rappelle que la Communauté bahá’íe grecque, établie en 1957, compte maintenant des communautés locales dans près de 21 villes et cités. En ce qui concerne la conférence, leur rôle essentiel aura été de prendre des contacts avec le gouvernement pour obtenir son soutien, envoyer des invitations et, sur le plan local, prendre les dispositions nécessaires en matière d’organisation. L’EKEPEKA a joué aussi un rôle essentiel pour faciliter les contacts au sein du gouvernement grec.
Au niveau international, l’aide a été fournie par Mme Guilda Walker, représentante de la Communauté internationale bahá’íe. Mme Walker est conseiller international auprès du WWF et a facilité les démarches pour inviter à Athènes le prince Michael de Kent et d’autres personnalités internationales.
« Sans Guilda, nous n’aurions jamais pu organiser la réunion, » dit M. Sullivan, expliquant qu’elle avait contribué non seulement à faciliter les contacts au niveau international mais aussi à s’assurer le soutien local de la Communauté bahá’íe grecque.
Dans son allocution, le prince Michael de Kent a remercié officiellement les bahá’ís pour leur appui, rappelant qu’il s’agissait de la quatrième réunion sur le thème des forêts organisée ces dernières années en coopération avec la Communauté internationale bahá’íe.
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