Revue n° 17, 1994
Les préparatifs du Sommet mondial pour le développement social font ressortir le besoin d’intégrer les questions mondiales
Après Rio et en anticipation des Sommets du Caire et de Pékin, le Sommet de Copenhague cherche à lier les préoccupations des différents secteurs NATIONS UNIES — Parce qu’il y aura moins de trois ans après le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro et quelques mois avant la Quatrième conférence mondiale sur les femmes qui aura lieu en 1995, certaines personnes se sont demandées pourquoi les Nations Unies ont décidé d’avoir un Sommet mondial sur le développement social (SMDS) l’année prochaine.
« N’avons-nous pas parlé du développement à Rio, en décidant qu’il devait être ‘durable’ ? » ont demandé les commentateurs. « Et le statut des femmes, n’est-il pas parmi les problèmes sociaux les plus importants qui vont être discutés à Pékin pendant la Conférence des femmes ? De toute façon, que veut dire ‘développement social’ ? »
Mais après les premières réunions du Comité préparatoire du SMDS (Comprep) à New York début février, il était évident que la Conférence sur le développement social avait trouvé un objectif – bien que pour beaucoup de personnes ceci était l’évidence même.
Pendant les délibérations publiques du Comprep ainsi que dans les conversations privées qui se passaient en coulisse, il y avait un sentiment que les principaux courants du Sommet découleraient de l’idée d’intégration.
« Les questions de Rio, du Caire et de Pékin sont dans en certain sens des éléments du problème plus large du développement social », a dit M. Yogesh Atal, directeur des sciences sociales de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (l’UNESCO), qui fait le travail de liaison du SMDS pour l’UNESCO. « Les autres conférences s’adressaient aux domaines spécifiques dans lesquelles il y avait un état de crise ; mais nous voulons prendre une approche globale ; tout se tient dans le cadre du développement social. »
Les objectifs du Sommet
Le Sommet est prévu pour le mois de mars 1995 et il aura lieu à Copenhague. Ses objectifs ont été fixés par l’Assemblée générale des Nations Unies en décembre 1992. Elle a décidé que le SMDS s’occupera de trois questions de base : (1) l’établissement de l’intégration sociale, particulièrement à l’intérieur des groupes les plus désavantagés et marginalisés ; (2) le soulagement et la réduction de la pauvreté ; et (3) l’expansion des emplois productifs.
Pendant sa réunion de deux semaines, du 31 janvier au 11 février 1994, le Comprep a travaillé principalement dans le but d’établir les principaux éléments d’une Déclaration et d’un programme d’action qui sera proposé et qui devrait être un des principaux résultats du Sommet.
Lorsque les délégations gouvernementales essayaient de mieux définir les objectifs du Sommet, certaines divergences d’approche sont ressorties. Selon un schéma que nous avons pu observer lors des récentes conférences mondiales des Nations Unies, les délégations du Nord se préoccupaient surtout des droits de l’homme et des mesures nationales pour réduire la pauvreté, tandis que les délégations du Sud cherchaient à souligner le besoin d’équilibrer le système mondiale de finance et de commerce, dans le but de s’adresser aux déséquilibres économiques.
Néanmoins, le thème de l’intégration a été mis en valeur de façon diverse. Les délégués étaient d’accord, par exemple, sur le fait que «les aspects communs de la question de base devraient être mis en valeur et traités d’une manière intégrée» pendant que les documents pour le prochain Comprep, qui aura lieu au mois d’août, sont en train d’être préparés.
Les discours des délégués suivaient le même ordre d’idées. La déclaration canadienne, par exemple, disait que les documents finaux pour le Sommet devraient incorporer « un cadre conceptuel qui permettra à tous les partenaires de faire face aux complexités du développement social par des démarches intégrées basées sur une compréhension globale du développement qui s’intéresse surtout aux personnes ».
Les Organisations non-gouvernementales ont aussi joué un rôle-clé pour mettre en valeur l’interdépendance des problèmes sociaux.
« Nous nous joignons à toutes les délégations qui ont souligné que l’interdépendance des problèmes caractérise notre situation actuelle », affirme Lisinka Ulatowske, le représentant auprès des Nations Unies des ‘Citoyens du Monde’, une ONG qui a des centres dans plus de 35 pays. « Le développement social est étroitement lié au développement économique, à la justice et aux droits de l’homme et aux responsabilités. »
Jorge Durão, le président de l’Association brésilienne des ONG dit que la confluence des problèmes sociaux à travers le monde est en train d’ouvrir une voie vers une nouvelle «alliance sociale» entre les ONG et les gouvernements et entre le Nord et le Sud. « Il ne faut pas penser uniquement à l’opposition entre le Nord et le Sud, mais aussi à la coopération. Et ceci est le rôle des ONG, de promouvoir l’idée d’être citoyen international ou citoyen du monde. »
L’Efficacité du Comité des femmes
Parmi les groupes les plus efficaces représentant la société civile et qui se sont faits le plus entendre était le Comité des femmes, une organisation ad hoc d’environ une centaine de femmes venant de 23 pays, qui s’est réunie tous les jours pendant la Comprep et qui a fait une déclaration le 10 février adressée aux gouvernements leur demandant de « réfléchir à de nouveaux modèles de développement centrés sur les besoins des femmes, des jeunes et des enfants ».
Beaucoup d’ONG ont aussi déclaré que les solutions des problèmes sociaux se trouvaient non seulement dans des actions gouvernementales, mais aussi à travers un engagement plus grand dans la société civile, qui pourrait être d’une grande utilité.
« Plus vous êtes près d’un problème, plus il vous sera facile de voir ses causes ; vous devriez donc consulter les gens du pays », a déclaré John Tomlinson, qui représentait l’Institut Syneros auprès de la Comprep. L’Institut, qui a ses bureaux à New York, travaille avec des ONG qui luttent contre la pauvreté en Afrique et en Amérique Latine.
Lawrence Arturo, directeur du Bureau de l’environnement de la Communauté internationale bahá’íe, a déclaré que le haut niveau des discussions pendant la Comprep a beaucoup contribué à une prise de conscience de l’importance et du rôle du prochain Sommet.
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