Revue n° 16, 1993
A Singapour, une « ménagère verte » montre ce que des individus peuvent faire pour l’environnement
SINGAPOUR — Quand Fatima Traazil va au marché, elle prend le même sac en tissu pour les commissions qu’elle utilise depuis huit ans, ainsi que quelques récipients réutilisables en plastique et en métal. Elle descend souvent à pieds les 17 étages de son appartement pour économiser l’électricité. Et elle échange des recettes végétariennes avec ses amies pour essayer de ne pas manger de la viande.
L’importance de telles activités quotidiennes pour aider à protéger l’environnement vient petit à petit d’être appréciée par les habitants de cet état-cité asiatique, une prise de conscience que Mme Traazil a aidée à faire progresser.
Pour ses efforts, on a donné à Mme Traazil toutes sortes de surnoms allant de « la ménagère verte » à « l’avocate du mouvement vert ». La télévision de Singapour l’a montrée en train de faire ses courses avec son sac de toile et ses récipients réutilisables.
En 1992, elle a été l’une des deux personnes qui ont reçu « Le prix feuille verte » du Ministère de l’environnement de Singapour. Le Ministère a reconnu «son énergie et son enthousiasme ... pour propager le message de l’environnement ».
Sa célébrité vient d’une campagne au niveau communautaire qu’elle a lancée à ses propres frais pour promouvoir le respect pour l’environnement.
En 1990, par exemple, elle a créé et imprimé (sur papier recyclé en anglais et en chinois) 100 000 exemplaires d’une brochure intitulée «L’ozone, la pollution et vous».
Plus tard, la même année, Mme Traazil a acheté des milliers de sacs en plastique biodégradable. Les sacs étaient produits mais pas distribués à Singapour, donc ils n’étaient pas disponibles chez les marchands. « Je les ai vendus aux marchands et j’ai perdu quelque dollars pour chaque paquet de 500 », a-t-elle déclaré. « Mais pour les marchands, ils avaient le même prix que les sacs non biodégradables. »
Mme Traazil ajoute que c’était « mon amour pour mes enfants » qui l’a incitée à entreprendre une campagne pour « commencer à nettoyer le fouillis que j’ai contribué à faire ». Elle a réalisé, disait-elle, que les enfants hériteraient de tous les problèmes de l’environnement que l’humanité est en train de créer aujourd’hui.
Sa campagne a commencé peu de temps après qu’elle soit devenue bahá’íe. Mme Traazil souligne qu’elle voyait un engagement envers l’environnement comme un moyen de servir l’humanité en tant que bahá’íe.
« Etre bahá’í donne une vision du monde, et aide à voir les choses plus clairement », dit-elle. « Je vois mon travail avec l’environnement comme faisant partie de ma relation avec Dieu et avec Sa terre. »
Pour beaucoup d’aspects de son travail, Mme Traazil a bénéficié de l’assistance de la Communauté bahá’íe de Singapour. Les bahá’ís ici l’ont aidée à distribuer les brochures qu’elle a imprimées, les apportant dans les grandes cités de Singapour.
Après avoir reçu le « Prix feuille verte » en 1992, Mme Traazil a été nommée au Conseil national de l’environnement, une organisation prestigieuse nommée par le gouvernement dont les autres membres sont les PDG de McDonald, de la Banque de Hong-Kong et Shanghai, ainsi que des membres du gouvernement de Singapour. Mme Traazil est la seule femme et la seule « simple » citoyenne qui soit membre du Conseil.
« Les autres membres du Conseil voient souvent les choses d’un point de vue industriel et commercial. Et étant donné que les femmes sont maintenant les principaux consommateurs, je pense que j’ai une certaine contribution à apporter », a déclaré Mme Traazil. |