Revue n° 16, 1993
En Italie, des cours particuliers et un appui spirituel aident les jeunes à trouver de nouveaux horizons
PORTICI, Italie — Pris en sandwich entre un volcan et la Méditerranée, cette petite ville napolitaine est célèbre pour son splendide jardin botanique, qui faisait partie autrefois du palais d’été du roi. Située à huit kilomètres au sud de Naples, Portici a toujours ses habitants riches et de sang bleu, qui résident en haut de la colline, où ils jouissent d’une vue panoramique sur le Golfe de Naples.
Néanmoins, malgré son ambiance aristocratique, Portici a la triste réputation d’avoir la population la plus dense de toute l’Europe. A peu près 140 000 habitants sont entassés dans environ quatre kilomètres carrés.
Une telle densité de population a ses conséquences. Tandis que les familles aisées vivent en hauteur sur la colline, la basse ville est composée de quartiers encombrés dont les résidents sont parmi les plus pauvres de l’Europe industrialisée. Allant de pair avec cette pauvreté sont les problèmes sociaux qui sont associés aux ghettos urbains : le chômage, le manque d’instruction, la drogue, les bébés nés de mères adolescentes et l’alcoolisme.
Bien que l’Italie ait tout un réseau de programmes sociaux pour combattre de tels problèmes, la communauté bahá’íe d’Italie craignait que de tels programmes soient inefficaces quand il s’agissait de diminuer le désespoir et le sens de rejet ressentis par beaucoup d’habitants de Portici.
La communauté a lancé un projet pilote de développement social et économique à Portici qui essaie de promouvoir un nouveau sens de la valeur de l’individu parmi les plus déshérités de la ville.
« Bien que le gouvernement tente de fournir tout un réseau de services pour les plus pauvres, il y a, à vrai dire, beaucoup de lacunes. Le gouvernement ne peut pas fournir un appui psychologique », a déclaré Franco Ceccherini, le secrétaire de l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís d’Italie, l’organe administratif national de la communauté.
Le Centre bahá’í local est le centre stratégique de toutes les activités. Depuis 1992, il a offert des cours gratuits d’alphabétisation, des cours d’éthique et de principes moraux pour les enfants. Il a aussi servi de lieu de rencontre pour des adolescents en difficulté, dans une ambiance chaleureuse où sans mauvaises influences, il n’est pas question de prendre des drogues, boire de l’alcool ou avoir des expériences sexuelles. Ces services ont permis à un certain nombre de jeunes de Portici de découvrir de nouveaux horizons.
Gianluca Buffo, un ouvrier métallurgiste de 17 ans qui a été renvoyé de l’école à cause de son mauvais comportement, veut devenir assistant social depuis qu’il a suivi des cours de rattrapage au Centre bahá’í. Il a dit que les cours au Centre ont non seulement stimulé son désir de terminer ses études au lycée, mais que l’ambiance qu’il y trouvait l’avait aidé à changer son attitude envers les autres.
« Je suis devenu plus confiant envers les autres et j’ai plus de respect pour eux », a déclaré M. Buffo. Il souligne qu’avant de fréquenter le Centre, il buvait souvent de l’alcool et qu’il était très agressif.
« Le programme bahá’í m’a aidé à découvrir cette partie de moi-même qui veut aider les autres », déclare-t-il. « Auparavant, j’ignorais que je possédais cette capacité. J’ai du mal à me l’expliquer. Mais je crois maintenant que je dois donner une certaine valeur à ma vie. »
M. Buffo ajoute que beaucoup de ses anciens amis boivent énormément ou qu’ils sont toxicomanes ; il a beaucoup de peine pour eux. « Ils font tous des petits métiers tels que la menuiserie, la vente dans des magasins ou dans les marchés de fruits et de légumes. Ils n’ont aucun avenir. Quant à moi, je voudrais devenir assistant social pour pouvoir aider les autres à étudier et à évoluer. »
La Communauté bahá’íe croit que le plus grand obstacle au progrès à Portici est le manque de dignité et de respect pour soi. « Les gens vivent dans une société moderne », a dit M. Ceccherini. « Ils ont la télévision et la radio. Ils comprennent, donc, les possibilités que la vie pourrait leur offrir. Ce que nous les avons aidés à faire est de prendre conscience de leur capacité de changer et ainsi d’obtenir leur part de ces choses. »
Des observateurs de l’extérieur disent que la Communauté bahá’íe a trouvé la voie juste en s’attaquant aux problèmes de Portici. Mme Margherita Dini Ciacci, Président du Comité régional de l’UNICEF, connaît bien le travail de la Communauté.
« Le succès d’un groupe est jugé par la participation des personnes dans leurs programmes », souligne Mme Ciacci. « Le fait que les bahá’ís soient sur la bonne voie est démontré par la demande croissante de la population de Portici pour ce genre de programmes. »
« Des organisations de bénévoles et des groupes religieux font un très bon travail dans cette région, qui est pauvre en services culturels, sociaux et de loisirs », dit-elle. « Et puisque les bahá’ís sont solidaires des enfants, ils aident à établir la paix par la solidarité et l’amour. » |